THE INTERVIEW - 1 WEEK LEFT
Par Chiboum le mercredi 1 octobre 2008, 08:00 - All about Chiboum - Lien permanent
(L'entretien - il reste une semaine, pour les non anglophones)
Ca fera 5 ans au printemps prochain que nous travaillons ensemble.
Ensemble, nous avons vécu la naissance et la mort d'une société, dans une équipe très réduite où chacun, en dehors de considérations d'actionnariat, a mis de soi. Des compétences, de l'énergie, de l'huile de coude et dans les rouages.
Quand au bout d'un peu plus d'un an nous avons fait le constat d'échec, notre actionnaire principal nous a engagés l'un et l'autre, l'un comme patron, l'autre comme "mamzelle communcasssssionne" pour un projet qu'il nous fallait inventer à partir d'une idée. Belle, l'idée, mais pas très construite et sans autres exemples à partir desquels réfléchir.
Avant même d'être "expatriés" (enfin on est à un kilomètre, hein), nous étions le village retranché gaulois d'une entreprise de 300 salariés. Nous deux face à des gens qui nous ont traités, pour la plupart, par l'ignorance, et dans certains cas par l'hostilité.
Nous deux à gérer notre Face de Cul.
J'ai découvert au cours de cette expérience Face de Cul-ienne combien il était capable de bienveillance, de remettre tous les jours les compteurs à zéro. Ca m'impressionnait. Et nos ressemblances de valeurs, de vues, de caractère sur certains points, ont fait que notre relation de travail était aussi une relation humaine qui ne s'arrêtera pas, je pense (ou du moins je pensais) le jour où l'un ou l'autre quitterait le navire.
Nous sommes donc maintenant délocalisés au sein d'une autre équipe, beaucoup, beaucoup plus petite, où chacun d'entre nous a sa part de boulot en plus du projet initial.
Il a plusieurs casquettes, enfin nous en avons tous beaucoup, ici, mais il en a vraiment beaucoup. Souvent je lui ai dit qu'il finirait par y laisser sa santé, en riant. Et il encaissait, le boulot, les sautes d'humeur de son équipe, les accidents de parcours et les petites joies du métier, avec une égalité d'humeur surprenante.
Certes je l'ai vu se mettre en rogne, quelquefois. Très rarement. J'ai appris à faire avec, à ne pas penser que c'était un reproche perso.
Depuis quelques mois, les membres de l'équipe connaissant notre lien de longue date sont venus me dire qu'ils le trouvaient bien irascible. J'ai tenté de modérer, d'apaiser les esprits, par loyauté, par manque de goût pour les grands drames d'entreprise, surtout quand on est peu nombreux et où tout prend des proportions énormes.
Je savais qu'il avait quelques raisons de préoccupation personnelles, dont il ne parle pas, ou très très très peu. J'en ignore sans doute beaucoup d'autres.
Mais force m'a été de constater qu'ils avaient raison. Que des colères éclataient pour un oui ou pour un non. Que ce bureau où il était facile de passer une tête quand la porte était ouverte (souvent), était devenu un lieu qu'on évitait tant que possible.
Je me croyais à l'abri de notre histoire amicalo-professionnelle, je pensais qu'il ne serait pas possible de rompre le lien. Qu'un type qui avait versé quelques larmes en annonçant mon accouchement à nos clients ne pouvait pas être aussi un horrible croque-mitaine.
Certains jours je pense que j'ai eu tort.
La grosse boîte a été rachetée par une encore plus grosse et nous devons, maintenant, passer des entretiens périodiques.
Je pensais qu'il s'agirait de formuler formellement les échanges que nous avions sporadiquement autour d'un café ou d'un moment où nous avions un peu de temps pour parler.
Dès que la date a été fixée, je l'ai vu se fermer, me faire des remarques du genre "notre relation professionnelle va changer après l'entretien". Des points qu'ils me demandait de commenter pour ledit rendez-vous qui me paraissaient pleins de sous-entendus (des choses qu'il est supposer considérer comme des compétences et que je trouve très... hors compétences et pleines de pièges potentiels, pour faire simple).
J'ai eu un grand vent de panique. A un moment j'ai cru que pendant toutes ces années, j'avais été simplement manipulée par quelqu'un qui me connait suffisamment bien pour savoir sur quel bouton appuyer.
Et puis j'ai réfléchi, j'ai prix mon RH de L'Amoureux sous le coude pour m'aider à faire le point sur chaque question à laquelle je dois répondre, pris du recul.
Constaté que je ne pouvais rien pour apaiser la colère sous-terraine qui l'anime et que le mieux que je pouvais faire, c'est mon boulot. Même si ça rend les choses plus désagréables.
Depuis la semaine dernière, il y a des journées où je le retrouve. D'autres où indubitablement, il est ailleurs, fermé, rétif, inaccessible.
La date du rendez-vous a été reculée par lui, j'ai encore une semaine pour m'y préparer. Mais je me sens droite dans mes bottes, sûre de ce que j'ai à dire, confiante là où j'étais terrorisée la semaine dernière et je ferais tout pour en ressortir du constructif.
J'ai 4 pages A4 griffonnées à mettre au propre, sous mon clavier. Il faudra que pour mercredi matin ce soit chose faite.
Je sais aussi, en filigrane, que si j'ai par trop perdu ce lien qui faisait l'essentiel de mes raisons de venir bosser presque contente (où est cette joie qui me faisait siffloter le matin d'il y a quelques années ? Envolée ?), il me faudra cesser de procrastiner. Déterminer ce que je veux faire, comment, pourquoi, et fourbir mon CV.
Et je ne sais pas ce qui m'épuise le plus : les montagnes russes du quotidien ici ou repartir dans la grande bataille des chasseurs de compétences...
Commentaires
Et donc, moralité ? Pas facile d'être chef ? La sympathie et l'intégrité est elle soluble dans la relation de hiérarchie ? Et pourquoi ? À cause de la pression hiérarchique de l'étage du dessus ?
Ce qui m'attriste, c'est que celà mine ce qui occupe quasi la moitié de nos journées... :-/
Il doit être terrifié par l'entretien, et n'a peut-être pas les armes que tu as su te donner pour y faire face. Il est pris au piège de sa propre hiérarchie à qui il doit rendre des rapports sinon des comptes, et ne sait comment intégrer cette contrainte avec sa façon amicale de travailler. D'où sa colère, contre ses chefs et contre lui, qu'il retourne sans peut-être s'en rendre compte mais si quand même, contre toi.
Arme toi d'invulérabilité tant que tu peux, et d'un zeste d'humour mais pas trop. Les vannes de pest@couette devront rester sages même si elles font ton charme.
Je suis bon quand je ne suis pas concerné, hein? Même pas sûr. Mais je me suis retrouvé dans les deux situations (pas en même temps quand même), et la difficulté principale est de mettre de l'huile dans les rouages sans en mettre sur le feu. On en ressort fourbu, mais souvent léger.
sLeAbO, moralité variable en fonction des contextes, j'imagine. On verra la semaine prochaine, déjà.
andrem, oui, après avoir vécu le truc comme une énorme chappe de plomb qui m'a paralysée plusieurs jours, là, je pars avec l'idée de dire des choses qui doivent être dites, et ça me va mieux ! Merci en tout cas.
D'accord avec Andrem, à mon avis il doit se sentir pris au piège dans son rôle de supérieur hiérarchique. J'ai eu le souci avec mon chef, il semble que ce ne soit pas facile de passer de l'amical au formel. D'ailleurs pas que pour le supérieur, je te déconseille l'éclat de rire s'il commence l'entretien d'une façon très très formelle comme si vous n'aviez jamais bu de café ensemble, ça passe mal :-P
Pour la petite histoire, mon sous-chef avait oublié de m'informer de la date de mon entretien, quand il s'en est souvenu, il s'est trompé de personne... au final j'ai été informé 2 heures avant!
J'y suis allée du coup les mains dans les poches et au final ça c'est bien passé.
Pappolène, je ne suis pas sûre, il assume bien, ordinairement. Mais je crains qu'il ne soit pas d'accord avec un certain nombre de choses et que son devoir de réserve lui pèse très fort, ces derniers temps. En plus de tout ce qui est hors sphère travail.
Ben mince alors... Moi qui l'ai rencontré et ai tout de suite compris pourquoi tu l'admirais tant (enfin si je ne trompe pas de personne ?) je n'en reviens pas, comment et surtout pourquoi peut-on changer ainsi ? Si j'ai essayé de venir travailler avec vous c'est, en plus de l'envie de bosser avec toi bien sûr, en partie grâce à ce que tu m'avais dit de lui -j'ai un très fort besoin 'd'affectif' dans le travail-. Je comprends complètement ta déception, et ton inquiétude de ce qui va suivre. Au vu de ma situation et surtout de celle du marché du travail dans notre secteur j'aurais tendance à te dire "accroche-toi", mais tu es beaucoup plus jeune que moi tu n'aurais donc pas ce rejet des employeurs dû à l'âge qui m'a fait lâcher prise et opter pour le free-lance. Toi seule sait ce qui est et sera le mieux pour toi... Courage ma belle, et pour l'entretien et pour l'avenir. Et des (k)
Ton billet d'hier m'avait donné des regrets de ne pas avoir de collègues avec qui délirer, celui d'aujourd'hui me permet de mesurer ce à quoi j'échappe en n'ayant ni hiérarchiques ni subordonnés.
Je comprends que tu sois déstabilisée, mais tu me sembles bien préparée pour affronter cet entretien. Et le bon côté, c'est que c'est peut-être le détonateur qui va te motiver pour chercher ailleurs ?
Courage (k)
Véro, oui c'est vrai que tu l'as rencontré. J'espère que ça n'est qu'une phase, pour lui comme pour nous qui "subissons". Merci et des (k) itou !
swahili, ah ben c'est comme tout, y a des avantages et des inconvénients ! J'ai la chance d'avoir un L'Amoureux dont c'est le métier, ça m'a permis de me préparer ET de prendre du recul, salvateur. Après... on verra ! Merci (k)
Hé bé... Au début de la lecture de ce billet, je me suis demandée si cette personne n'avait pas des troubles psychologiques pour changer ainsi d'attitude, devenir si coléreux... Mais finalement, peut-être en effet est-il mal dans son rôle, dans sa fonction ? Toi tu n'as pas à en subir les conséquences et en effet, bien préparée comme tu l'es, tu ne risques rien. Peut-être même lui rendras-tu service en te montrant capable de recadrer votre relation dans un sens qui le rassurera (oui, tu peux, tu sais être une professionnelle point final)
Ah la vie professionnelle... il faut quand même en avoir "des ressources humaines" ! ^^
samantdi, oui, et où qu'on aille, c'est "pareil" au sens où la dimension humaine prend des allures parfois difficiles à gérer. Il y a des Face de Cul, des caractériels, des bons camarades, des pignoufs mal léchés, des super pros mais durs à gérer... dans toutes les boîtes du monde !
Pour moi aussi avoir des gros soucis au boulot en ce moment, je ne peux que t'envoyer plein de courage et de bonnes pensées par-dessus l'Atlantique! (k)
On va y arriver, Dr Caso ! In us we trust ! (k)
Heureusement que tu as eu un délai pour te "caler" et faire le point. Tu vas aller à ton entretien plus sereine. Je crois qu'il est soumis à de fortes pressions, et qu'il a quelques problèmes perso non ? On lui a peut-être demandé de changer...
Allez courage ma belle, j'ai confiance en toi.
Bou-lot ton univers impitoyable !!!
(sur l'air de dallas hein ! et maintenant j'espère que tu l'as en tête pour quelques heures :-E )
Du courage et des bisous en sus (k)
Fauvette, je pense qu'il a effectivement des soucis perso et des divergences de vues avec des gens du registre pro mais qu'il ne peut pas exprimer... Merci merci ! (k)
Madeleine, ah non, çui là ne marche pas du tout sur moi !
Merci (k)
Cette pression que l'on fait peser sur les salariés, chefs et subordonnés, censée améliorer l'efficacité, la productivité... est en fait totalement contre-productive, vu les tensions, le mauvais stress, voire les conflits qu'elle génère. Est-ce vraiment ce qu'on apprend à nos managers dans les écoles de gestion ?
karmara, ton contre-productif me fait rire parce qu'il est à la base d'une blague interne chez nous suite à un mouvement d'humeur d'un autre ! Et non, je ne pense pas, en effet...
Quand je lis "Je me croyais à l'abri de notre histoire amicalo-professionnelle, je pensais qu'il ne serait pas possible de rompre le lien. Qu'un type qui ... ne pouvait pas être aussi un horrible croque-mitaine." + "un moment j'ai cru que pendant toutes ces années, j'avais été simplement manipulée par quelqu'un qui me connait suffisamment bien pour savoir sur quel bouton appuyer" : tant d'écho en moi concernant le lien que j'avais et dont j'ai subi la destruction massive par décision unilatérale et la conscience plus précise que oui, ça concernait bien du travail aussi (même si c'est celui qu'avec je ne gagne pas ma vie - mais j'avais bien aidé qui j'aime encore à gagner la sienne et même encore très légèrement maintenant (des bribes (conscientes ou absorbées ?) de mes mails dans ses mots publiés -).
En même temps le lien était si fort et au départ m'a tellement sauvée de la vie métro-boulot-marmots-dodo que j'avais et dont par épuisement et ne pas croire en moi j'aurais seule été incapable de sortir, que malgré les conséquences dramatiques pour moi de sa désaffection brutale et inexpliquée, je ne parviens ni à lui en vouloir, ni à la désaimer.
J'espère que tu sauras au moins, toi, te défendre vis-à-vis d'un patron et ami qui semble ne souhaiter ne plus occuper que la première case. En plus qu'il s'agit de ton gagne-pain.
J'ai un mail en cours pour toi, Gilda. Cela étant, depuis quelques jours, il est parfaitement comme d'habitude d'avant, ça repose.