C'est une idée bizarre qui m'a attrapée au vol, comme ça, de nuit. On sait bien que les idées nocturnes ont une vie propre et souvent pas d'avenir au matin, mais celle-là continuait à me trotter en tête.

Il me semblait que nous étions tous comme des instruments de musique, et que chacun de ceux que nous cotoyions jouaient de nous à leur façon. Pour chacun nous fournissons un son, une note, un accord, une harmonie, pas toujours la même mais toujours dans notre palette de son.

A chaque fois nous et à chaque fois vibrant un peu différemment.

Et puis certaines rencontrent nous font résonner d'un accord parfait, notre plus beau son, nous font sentir être ce qu'on rêve d'être comme être humain. Alors on est heureux, et aussi un peu triste, car la note prend fin, et qu'on est jamais sûr de pouvoir la reproduire. Ni que sa répétition sera aussi belle que la première fois, ni même, si elle l'était, que de l'entendre encore ne conduirait pas à s'en lasser, finalement.

Mais tant que le son dure on savoure. Et on se forge une mémoire d'accords parfaits qui nous construisent et nous aident à avancer, un pas derrière l'autre.

Ma vibration intérieure du moment, un truc folk qui vous déchire les tripes et vous élève l'âme à la fois. Avec des notes rendues plus belles par le frottement des doigts sur les cordes, comme l'empreinte sur vous de qui vous fait produire ces sons aimés. Comme une main qui se pose sur vous furtivement et vous transmet de sa chaleur, en somme. Indipsensable.