Désa-corps
Par Sacrip'Anne le mardi 25 janvier 2011, 07:00 - All about Chiboum - Lien permanent
Quand j'étais bébé, je ne mangeais presque rien. A la grande inquiétude de mes parents, de maman en particulier, je suppose.
J'étais une petite fille mince.
Puis la puberté tôt venue, les rondeurs qu'aujourd'hui je trouverais jolies, mais qui encombrent et dont on ne sait que faire. Surtout quand on est la plus jeune de sa classe, mais pas la moins "avancée" dans le domaine de la féminité qui vient.
Puis manger trop, bouger pas assez... une année de maîtrise passablement compliquée... et tout ça.
Bref, sitôt que j'ai eu l'âge de m'en soucier, j'ai été mal à l'aise avec mon corps, j'ai plutôt fait sans ou contre qu'avec.
Pourtant à revoir les photos... qu'on est bête, quand on est ado !
Cro-Mignonne est passée. Et je me souviens précisément du moment où j'ai fait le deuil de la perfection que j'aurais espérée. Déjà parce que morphologiquement, je n'aurais pas pu entrer dans le moule que j'enviais. Pas la bonne construction, pas la bonne peau, tout ça. Et puis parce que même pour les plus "chanceuses" qui retrouvent leur ligne et pas une vergéture, le passage d'un enfant ça laisse une empreinte pour la vie.
Mais le chemin s'est fait.
Aujourd'hui, je suis très loin de ce qu'on décrit comme le "beau". Et je n'ai jamais été aussi en paix avec moi.
Ah oui, certes, j'aurais des kilos en moins et des sous en plus, peut-être que j'en jouerai plus, de ce corps, mais je ne suis plus fâchée contre lui, je ne lui en veux plus des trahisons ou de ce que je vivais comme telles qu'il m'a fait subir.
Parce que tout ce qu'est mon corps, c'est moi.
Alors je le regarde (ce qui est déjà un bon début). Sans haine. Sans mépris. Je vois les cicatrices, les traces de grossesses, les trop pleins. Et je me dis que ce corps ne raconte qu'une histoire : la mienne.
Pourquoi je serais fière de qui je suis de l'intérieur alors que ce sont les mêmes histoires qui l'ont construit ?
J'apprends l'indulgence.
Peut-être qu'il y aura du trac, quand il faudra reparler de nudité amoureuse. Sans doute. C'est même sûr. Mais en même temps, rares sont ceux qui ne l'éprouvent pas, ce trac.
Et puis il changera, encore. Il vieillira, encore. Inéluctablement. Et il racontera la suite de mon histoire.
Alors à défaut de l'aimer vraiment, j'espère que je vais continuer à le prendre pour ce qu'il est : le témoin de mon chemin en vie. Et celui qui me permet de marcher, de courir (quand je suis obligée seulement), de sentir mon cœur battre, de serrer dans mes bras, de m'enfouir dans d'autres.
Fin du désa-corps entre lui et moi. Nous sommes un. Je suis une.
Commentaires
Beauty lies in the eye of the beholder.
Ou à la Saint-Exupéry : On ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux.
Belle "leçon" de vie ! Ton texte et la chanson de Marc Lavoine me donnent le sourire pour rejoindre ma salle de bains ! ;-)
J'entends Anne Sylvestre là ... c'est la saison sans doute.
http://denisfeldmann.fr/sylvestre.h...
Je me reconnais pas mal, sans les mêmes traces des mêmes évènements, mais le chemin, je crois qu'on le parcoure tous.
Tu avais raison, il me plaît infiniment ce texte :-)
Et moi qui ne suis qu'au tout début du début du chemin...Comme je t'admire!
Et oui, tu es belle. Vraiment.
Des bises :kiss
Oui, Eric, très exactement. :kiss
charlottine, ah ben si en plus c'est synchro avec la salle de bains !!
Zelda, oui, on reste tous très humains, malgré tout. J'aime Anne Sylvestre :kiss
Floh, merci, mais c'est pas CA qui compte. Ce qui compte, c'est la paix, non ? Courage.
@ Floh : la difficulté ne réside pas dans ce que quelqu'un nous trouve beau ou belle. Elle réside dans le fait de se trouver beau ou belle, mais surtout plus « fonctionnellement », de s'aimer soi-même. Enfin j'enfonce une porte ouverte car on le sait tous.
Anne, ce que je vais écrire n'est pas de la publicité, c'est un truc auquel je crois vraiment : Leçon de beauté n°1 : être soi même. Je trouve que c'est en lien avec ce que tu exprimes... Le "beau", ce n'est pas juste des mensurations, ça ne se mesure pas au pied à coulisse.
Eric : Au sujet des portes ouvertes enfoncées, j'ai remarqué plusieurs fois que les occasions où on avance le plus dans les réflexions/travaux sur soi même, c'est quand on se fait dire des choses qui à posteriori se révèlent être évidentes. L'enfonçage de porte ouverte est bien une nécessite. le fameux "Ça va sans dire, mais ça va mieux en le disant."
Eric, je suis à 150% d'accord avec ta réponse à Floh !
sleabo, c'est rigolo, ça m'est arrivé plusieurs fois récemment qu'une évidence énoncée par tous me saute aux yeux comme si j'avais craqué le code, d'un coup !!
Bon alors là encore une fois, un écho qui résonne si fort qu'il va provoquer encore chez moi une avalanche d'introspection. C'est dingue, je ne m'étais jamais formulé les choses ainsi, mais ça me parait évident soudain ;-) Ah ben oui, hein, ça va mieux en le disant ;-) :kiss
Je me suis permise de le mettre en lien sur ma page face de bouc, Je vais apprendre par cœur ces passages, histoire de me les redire quand je sentirais la colère contre mon corps monter.
luce :kiss Suis touchée. Et émue. Et flattée. Et pas si étonnée. J'aimerais en dire plus mais je dois filer !!! Bisous doux.
@Eric: oui oui, entièrement d'accord avec toi. Je tenais à le dire à Anne, mais je sais que ce n'était pas le fond du sujet. Il y a bien souvent un gouffre entre le regard extérieur et son propre regard, et même si changer le second fait changer le 1er, c'est un long chemin semé d'embûches. Je me fais l'effet du très jeune Padawan qui regarde son maître Jedi avec admiration en se disant "je ne saurai jamais faire" LOL
Et comme Sleabo: je suis tout à fait pro-enfonçage de portes ouvertes, dit de l'extérieur, de suite ça sonne différemment.
Merci donc, messieurs ;-)
Comme je confirme !
S'aimer soi-même, c'est bien beau, mais encore faut-il être bien sûr de qui on est... Et c'est là que les emmerdes commencent. ;o)
très fort ce texte. je vois tant de filles qui se font des problèmes inutiles avec leurs corps, que j'ai des doutes quand on m'annonce avoir trouver une certaine paix. Mais de ta part oui, c'est crédible, une fille avec un coeur comme le tien ne peut qu'être jolie.
...ou comment j'ai reçu une belle leçon de sagesse d'une petite jeunette 8-)
Franchement je t'envie! Je suis loin d'avoir accompli ton chemin. Alors que je suis convaincue que les personnes belles, sont celles qui s'acceptent et non pas celles qui font telle ou telle taille mais mon miroir me dit autre chose chaque matin...
Floh, ah non, Yoda, c'est mon père !!! Pfff. Si tu sauras faire. Juste, tu trouveras ton propre chemin.
Madeleine, en même temps ça serait signe qu'il y a une raison d'avoir le trac, ce qui serait une bonne nouvelle, dans l'absolu !! LOL
Anna, je ne dirais pas ça. Je dirais que c'est là que tout commence. Et que ça devrait le premier apprentissage qu'on mène, idéalement. De là découle le reste.
Moukmouk, merci pour le "crédible" !!! LOL Peut-être que toutes ces filles dont tu parles ont moins de chemin à faire pour parvenir à l'idéal étrange qu'elles ont en tête, du coup... je ne sais pas. Mais oui, je te confirme, je ne vais pas aller me promener en maillot de bains dans la rue, mais ça va, je vais en paix quand même !
swahili, petite jeunette, huhu. Flatteuse, va !
Oh Pappo-Stef tu t'es glissée ! Alors arrête d'écouter ton miroir... peut-être ? :kiss
Disons qu'il s'agit de relativité LOL
swahili LOL
juste Sublime !
Contrairement à de vieilles légendes tenaces qui courent encore sur le corps aujourd'hui, aucune pensée préexistante ne vient jamais se faufiler dans un corps qui passerait par là l'air de rien.
Il faut un corps pour que la pensée soit, car c'est de lui qu'elle naîtra, de son vécu, de ses sens, de son existence, de ses sensations, tout ça. C'est de sens et non d'essence qu'il s'agit.
Alors autant être en accord avec lui, en effet. Point de corps, point de pensée, point d'âme, point d'esprit. Descartes peut aller se rhabiller.
D'ailleurs, j'ai un faible pour ceux qui me disent qu'ils pensent avec leurs pieds. je leur fais beaucoup plus confiance qu'aux penseurs d'idées souveraines zé supérieures.
Et quand le sage me montre la lune avec son doigt, c'est le doigt que je regarde, moi, histoire de faire mentir le proverbe et de prendre ma place chez les fous. Je sais un secret qu'il ne faut pas répéter: le doigt m'en dira beaucoup plus que la lune sur celui qui me la montre.
Ton texte fait écho chez moi aussi. Sauf que je n'étais pas une petite fille mince mais plutôt enveloppée. J'ai aussi "fait la paix" avec mon corps même si, comme toi, j'appréhende le jour où je devrai le dévoiler dans l'intimité !
Enfaite nôtre corps et adapté pour les difficultés et la pénurie et nos société actuel ces le contraire il y a excès de touts. Espérons que nos cellules restent ainsi pour les générations futures elles en auront besoins ! Très beau texte ; oui la tolérance se construis a travers soi même !
Merci absinthe.
Andrem, j'aime BEAUCOUP ta phrase de conclusion. Vraiment.
Jenny, je vais te dire, l'avantage, c'est que pour la nudité intime, je ne me sens pas menacée dans un bref délai, ça me laisse le temps de m'habituer à l'idée !! LOL
Merci Julio.
je ne suis pas arrivée au quart du chemin que tu as parcouru...
bravo pour ce bel accord pour de beaux "à corps"
Hum... Très beau texte tout très joliment dit et que je comprend fort bien.
Cependant perso si mon corps j'en fais mon histoire et qu'à quelques détails près je l'accepte et l'apprécie - il n'en n'est pas du tout du tout le cas de mon histoire qui, elle, je la déteste et l'exècre. ...
J'ai donc beaucoup de difficultés à tenter de moins soupirer sur les détails bof ou beurk de mon corps en me disant 'c'est mon histoire' ... Ça me donne plutôt envie de me flinguer
Et pourtant je comprend bien ton texte qui est si beau et qui m'émeut en pensant à la belle personne que tu es
peekaboo, est-ce que ce qui compte c'est l'arrivée, les étapes, le départ ? Ou bien d'avoir envie d'être sur le chemin et de regarder ce qui se passe ?
Nam, merci ma belle. De l'intérieur et de l'extérieur. Tu sais, je n'aime pas TOUT de mon histoire, disons que ça fait ce qui fait moi aujourd'hui, comme ce que tu as vécu fait de toi la toi d'aujourd'hui, c'est plus dans ce sens là... Mais quoi qu'il en soit, ce qui compte, c'est d'être bien avec sa façon d'être, non :-/ LOL