(Il faut que j'arrête d'avoir envie de commencer tous mes billets par "or donc").

Or donc (et paf !), l'une des phrases que j'entends le plus, ces derniers temps, c'est "Cours Forrest, cours !". Suivie de très près par l'une des nombreuses variantes de "il y a un homme pour toi quelque part qui saura t'aimer comme tu en as envie et que tu pourras aimer comme tu en as envie" (je vous laisse broder) (on avait pas dit que j'arrêtais les parenthèses ?).

Soit.

Sou-hate, donc.

Encore faut-il que les étapes de notre vie nous rendent capable de nous aimer synchroniquement et de nous rendre heureux mutuellement à l'instant T, ajoute-je in petto échaudée par mes quelques dernières expériences à la matière. En fait : toutes, si on y songe bien, vu que je suis en état d'être l'heureuse récipiendaire de ce genre de phrases.

Mais stop au cynisme, je suis là pour une étude sociologique.

Pour prouver ma bonne volonté, je mets de côté les arguments en ma possession sur : mon âge, un physique pas vraiment complètement disgracieux mais pas nécessairement évident (hinhinhinhinhin), et le fait d'être déjà maman. Chacun des trois pouvant être un véritable repoussoir à prétendant, conjuguez les trois, et ça limite sacrément le champ d'action. Mais point de cynisme, disais-je, j'écarte.

Et je prends les différents outils en ma possession (répertoire, contacts twitter, fb, blogueurs) pour faire le point sur mes connaissances masculines, afin d'en tirer quelques enseignements sociologiques.

J'ai fait un constat sidérant :

24% de mes contacts sont des garçons qui aiment les garçons. Ce qui ne fait pas encore tout à fait de moi une fille à pédés, mais quand même. Autant dire que si les discussions, refaisages de monde et de vues sont tout à fait possible, à l'ordre du jour et même pratiqués assidûment, il est plutôt sage de compter sans eux pour la partie sexuée des histoires d'amour, dirons-nous (mais je vous aime quand même super fort, les garçons, hein !).

69% de mes contacts sont des hétéros non pratiquants (ou au moins : pas avec moi : trop jeunes, trop vieux, trop mariés, trop de ma famille, etc). Je vous laisse vous amuser un peu avec la formulation, ça a fait les délices de deux ou trois hier.

Il reste donc 7% de contacts masculins hétérosexuels potentiellement pratiquants. Mais : c'est pas parce qu'on a des copains hétéros célibataires n'ayant pas encore manifesté de refus à votre égard qu'il s'agit d'amoureux potentiels. Il se peut qu'on soit loin, qu'on ne se plaise pas de cette façon là, qu'on ait la tête ailleurs, qu'on n'ait fait que se croiser sans se connaître vraiment. Bref.

Effarant, vous disais-je.

Où sont les hommes ? (Ceux dans le genre que tu aimerais avoir dans ta vie : à la maison avec leur femme et leurs enfants, dit le diablotin sur mon épaule. Ou en voie d'admission à l'hôpital psychiatrique, me connaissant).

Une conclusion s'impose : si je veux avoir une chance de ne pas faire mentir ceux et celles qui me veulent du bien, il faut du sang neuf dans mon rolodex. En fait je n'ai pas de rolodex mais j'aime bien l'image. Ca fait un peu marieuse juive, je trouve. Ou executive woman des années 70.

Or, quand, de 6h45 à 19h55 on est surtout occupée par sa gaminette et son boulot, qu'ensuite on est péniblement en train de comater devant la télé, et que les week-ends non consacrés à l'épanouissement de ma vie de mère (et de la vie de fille de Cro-Mignonne), les sorties se font entre gens qui se connaissent déjà, quand sorties il y a, deux conclusions s'imposent.

Le projet "changement de voiture pour en avoir une juste à moi et pouvoir sortir le vendredi ou le samedi soir sans craindre les retours dans ma banlieue pas mal fâmée, mais quand même", est une condition importante de ce renouvellement de rolodex (croisons les doigts pour la fin de l'année).

Et, avec toute la bonne volonté du monde, je ne peux pas m'empêcher de penser que c'est quand même pas gagné. Rien que les critères objectifs étant épineux, les critères subjectifs me laissent rêveuse.

C'est pourquoi nous avons décidé, avec Stef Pappo et Angellyca, de fonder le Club des Vieilles Filles Indignes et Dépravées.

Peut-être qu'on ne s'enverra plus en l'air de notre vie, mais au moins on va rigoler.

Mieux vaut tenir que courir.

(Avec un clin d'oeil à Noé Cendrier, l'homme qui d'un twit change les statistiques. C'est pas fort, ça ?)