Bazar du vendredi
Par Sacrip'Anne le vendredi 28 mai 2010, 07:00 - All about Chiboum - Lien permanent
Entendu à la radio mercredi : "On nous retire le droit à l'intelligence".
La grande affaire.
Même si la phrase venait d'un responsable syndical au niveau national, il n'empêche. Bien sûr qu'on nous retire le droit à l'intelligence. C'est tellement plus simple.
Et c'est ainsi qu'on vit dans un monde où aller au travail n'est pas un acte par lequel on contribue à faire fonctionner les échanges de la tribu, mais à emplir des poches bien loin des nôtres.
On obéit aux marchés, aux actionnaires.
Tout ça pour espérer une retraite.
Car on a pas une retraite au bout d'une vie professionnelle parce qu'on a travaillé. Non non non. On doit donner 40 (et quelques) années de sa vie à être employé dans un cadre bien précis pour espérer, à la fin, une retraite. Si on a été sages et bien cotisants.
Mais qui a dit que dans une vie, il FALLAIT passer plusieurs décennies à travailler pour cotiser ? Dit comme ça, ça va de soi, mais la machine n'est plus au service de l'homme. C'est nous qui sommes au service de la machine. La machine économie, la machine état...
Et du coup on marche sur la tête, depuis longtemps, et jusqu'à explosion finale.
Pendant ce temps, les grands penseurs parlent de redonner du sens. A tout et rien, mais au travail en particulier.
Certes mais ça n'arrange pas tout le monde. Parce que donner du sens, c'est aussi donner de la réflexion. Et dès qu'on commence à réfléchir, on sent bien que ça ne peut pas fonctionner, comme ça, pour nous autres pov'zhumains de la plèbe.
Du coup, c'est pas mal qu'on soit vendredi. Qu'on passe un peu à autre chose.
Commentaires
Ah ben vi. J'ai les neurones trop embrumés pour tenir ton raisonnement, mais j'abonde (que je suis constructive!)
Et pour le vendredi, pfiouu....tout pareil!
Bises (j'aimerais bien aller me recoucher, là, vu ma prestation pitoyable)
Floh, t'inquiète, je suis dans le même état que toi ! Bises !
:-k Le bon mot au bon endroit ! Complètement d'accore ! :-k
Oups ! donner à réfléchir n'est pas leur priorité ! Tu peux partir en week-end tranquillement :)
Ah ben oui, ma p'tit' dame, il faut obéir aux marchés. Et au FMI. Vous pouvez voter pour qui vous voulez dans vot' p'tit pays (de merd') et vous pouvez avoir vos p'tit' zidées (de merd'), pourvu que vot' gouvern'ment obéisse aux marchés. Et au FMI, bien sûr. Les idées et l'intelligence, ça compte pas ; et en fait ça servirait à quoi, ça, les idées et l'intelligence ? Ce qui compte, c'est mon argent, voyons.
(J'allais illustrer ce commentaire par quelques liens à des vignettes d'un dessinateur espagnol qui publie quotidiennement à "El País", mais comme ça va être interprété, probablement, comme du spam, je les mets au comm' suivant).
"Dans le plan d'austérité, voici la première mesure" (© El Roto 27/05/10)
"Si on vote pour des partis, pourquoi après c'est les marchés qui gouvernent ?" (© El Roto 25/05/10)
"— Ils veulent nous augmenter les impôts, aux riches ! — Mets-les à la porte !!" (© El Roto 22/05/10)
"L'économie prend l'eau ! Jetez la population à la mer !" (© El Roto 15/05/10)
"Les esclaves ont trop de privilèges" (© El Roto 13/05/10)
"À quoi ça sert de protéger les frontières à une époque où les invasions se font par banque ?" (© El Roto 12/05/10)
"Avant, la grêle tombait du ciel, maintenant ça vient de n'importe quel mouvement de la Bourse" (© El Roto 4/05/10)
"Les prophéties le disent clairement : n'importe quoi peut arriver" (© El Roto 30/04/10)
"Les appauvris par la crise mettent en danger les banques qui l'ont créée" (© El Roto 27/04/10)
Merci Julio !
Madeleine, je vais m'y employer d'ici deux heures et quelques !!!
Pablo, c'est ça qui me désespère. C'est qu'au fond, avec les plus belles idées du monde, ça ne changera rien, puisqu'il y aura toujours les "voisins" pour faire à leur (mauvaise) manière. Merci pour les liens !!
Finalement, la retraite à 60 ans et à taux plein, ça n'aura pas duré longtemps.
Mon grand-père, né en 1900, maçon malgré lui (il aurait tant aimé faire des études) retraité à 65 ans, n'avait pas été déclaré par son patron, il a eu doit au "minimum vieillesse".
Ma mère, née en 1925, 17 ans de travail en usine en 3/8, pas non plus de retraite à taux plein. Elle a travaillé avant, 20 ans, comme couturière, elle était payée à la journée : pas de cotisation. Aujourd'hui, elle touche moins de 700 euros par mois.
Il n'y a qu'une petite catégorie de personnes pour qui le système a bien fonctionné, mais il ne faut pas croire que la retraite à 60 ans et à taux plein concerne tout le monde, loin de là.
J'ai 49 ans et je me prépare à devoir travailler au-delà de 60 ans, et les trentenaires, dans mon entourage, se disent qu'ils ne bénéficieront peut-être jamais du système actuel...
Hier, regardant les nouvelles, j'ai senti mes larmes au bord des paupières, pensant à ce que serait la vie de mes enfants, retraite hypothétique, marée noire, crisecrisecrise, mais ouf ils ont dit y'al'foot (qui permettra de mettre une bonne couche de fumée pour cacher le tout)
moi je veux mourir sur scène, devant les projecteurs ! Rire ... Jaune. Je ne te parlerai pas de la retraite d'une pov petite comédienne comme moi. Mais de quoi me plaindrai je ? après tout j'ai la chance de vivre de ma passion ce qui revient à vivre d'amour d'eau fraiche ;-). Ce qui est sur c'est que je n'ai jamais pu faire partie du système
Tu as mis les mots sur la colère qui monte en moi. Dire que je hais ce gouvernement est peu. Ce gouvernement et tout ce qui lui ressemble
Voilà, entre autres raisons, pourquoi j'ai voulu rentrer chez moi. D'abord parce que c'est chez moi (on appelle ça enfoncer une porte ouverte...). Je ne sais pas plus que vous quelle retraite j'aurai, si j'en ai un jour une. C'est pour ça que dès que j'en ai l'occasion, je vais mettre la tête sous l'eau et je me régale du silence, de la sensation d'apesanteur, de la beauté du monde sous-marin dont la violence jamais n'égalera celle des hommes... Je crois que finalement j'aimerais assez que tout s'arrête comme ça dans quelques années. Un accident de plongée et plus rien. Pas de retraite mais pas besoin.
Ouais, je sais, c'est pas très constructif, mais dans ce monde dirigé par des pourris, et ce n'est hélas pas près de changer, autant se faire du bien en attendant le grand recyclage.
samantdi, je crois, en tant que trentenaire travailleuse, qu'on aura le choix entre retraite privée ou rien. Je le crains. Et ça me met en rage parce que c'est encore tellement plus injuste...
Valérie, heureusement qu'il y a le foot, hein ? (Mais je n'aime pas le foot, oups).
Luce, je disais à L'Amoureux qu'au fond on a toujours le choix. De vouloir ou pas entrer dans le moule. De continuer à bosser ad vitam ou pas. Mais il faut savoir ce que nous coûte ce choix, comme tu l'as illustré...
Akynou, mon problème est de trouver qu'ils se ressemblent finalement beaucoup tous. Et que même s'ils ne ressemblent pas, la pression des voisins, de la bourse, du monde, fait que le résultat ne sera pas très différent...
Mais la colère, la rage, oui. Palpable de partout.
Eric, tu prêches une convaincue. Bien sûr qu'il faut se faire un plaisir de tous les instants qui font du bien offerts par la vie. Sinon ça ne vaudrait pas la peine...
Petit tour d'horizon de tes derniers billets – j'aime beaucoup celui-là. Et là, en lisant ton dernier commentaire, "je crois qu'on aura le choix entre retraite privée ou rien", je me dis que le truc, c'est qu'il ne faudrait pas "croire", c'est qu'il voudrait vouloir et faire, lutter collectivement. Au fond, on accepte (moi je n'ai pas commencé à cotiser, c'est carrément du renoncement, après mourir à 30 ans, mourir à 60 ans...). Le problème, c'est que cet espèce de mode de vie des petites satisfactions de court terme nous a coupé la chique. Accrochons-nous à la chique de la réflexion... et...
janu, merci. C'est drôle, j'avais la même réflexion que toi en me disant qu'après tout on est nombreux à vouloir autre chose, à se dire qu'il faudrait le fabriquer.
Alors on fait comment ?
Oui, accrochons nous à la chique de la réflexion, et puis savourons nos petites satisfactions, pas celles qui nous sont jetées comme des miettes par le monde, mais celles liées à la vie telle qu'on la rêve et qui nous donnent de l'énergie pour avoir envie de mieux.