Les gens trop bien élevés
Par Sacrip'Anne le mercredi 26 octobre 2011, 00:27 - All about Chiboum - Lien permanent
L'autre jour, je méditais sur un banc, au froid soleil de l'automne, au coeur d'un quartier plutôt chic et nanti de la capitale.
Les enfants y étaient donc bien vêtus, le carré droit coupé pour les filles, la brosse douce pour les garçons, le bleu marine et le gris majoritaires pour vêtir petits et grands (j'ai l'air d'exagérer, mais à peine).
Et j'observais le manège social entre adultes.
Ils sont bien élevés.
Très bien élevés.
Très très bien élevés.
Trop polis pour être honnêtes, quoi !
Ou au moins : il y a tant de forme et de convention dans leur façon de s'adresser les uns aux autres (et sans doute à une partie du reste du monde) qu'ils m'ont fait l'impression d'être... je ne sais pas. Automatisés ?
Entendons-nous bien, je ne suis pas qu'une rebelle prête à dynamiter la bonne société, moi aussi je dis bonjour à la dame et je mouche mon nez (surtout ces jours-ci).
Mais, à l'usage, à l'usure, et désolée pour mes parents qui se sont donné tant de mal pour un si piètre résultat, il m'arrive souvent de penser que l'humanité, le respect, l'affection, peuvent prendre une autre tournure que la récitation in extenso d'un manuel de bonnes manières.
Enfin, pour vous situer, j'aime bien quand les gens repiquent directement dans le plat qu'ils ont aimé ou oublient un peu les bienséances à table sous couvert de gourmandise, que l'attachement qu'on a pour certains fait des malices au code de conduite, pour peu que ça soit respectueux et bienveillant.
Ce qui n'a rien à voir, si on y pense bien, avec le fait d'être -ou pas- bien ou mal élevé.
Commentaires
Little boxes on the hillside
Little boxes made of ticky-tacky...
Le conformisme a de beaux jours devant lui. Kleenex anyone ?
Eric, c'est malin me voici avec des images de Weeds dans la tête :-D Pour le coup moins... conformiste !
La version française, pour les gens qui ont oublié d'être anglophones.
Je pense que la "récitation d'un manuel de bonnes manières", on ne devrait s'y tenir qu'avec les gens qu'on connait peu, comme moyen d'avoir des références communes et de prendre peu de chances de vexer (à condition d'avoir lu le même manuel, déjà ça se corse !)
Avec les plus proches, avec les intimes, on peut se passer des conventions. Tout le problème étant évidemment que les enfants se situent dans ce cercle intime, et qu'il n'est pas toujours aisé de leur faire comprendre qu'on peut parfois faire chez soi ce qu'on ne fera pas à la cantine ou chez un papi à cheval sur les bonnes manières...
Anna, je ne suis pas si sûre, pour les enfants : ils comprennent très bien la différence de règles / comportement d'un lieu à l'autre. Et puis il n'est pas question de se passer des essentiels, les bonjours, les merci, ni même de choses qui permettent la vie en communauté, et de se conduire comme des sans éducation du tout, c'est juste que l'excès qu'on voit dans certains milieux me fait plus peur qu'autre chose.
(Ya donc une version française ?)
Mon homme issus d'une famille bourgeoise catho, est très bien élevé, il dit de lui qu'il a même été très bien dressé. Cela en fait un être charmant et sociable alors que sa nature est plutôt taciturne et casanière, mais le vrai handicape pour lui de cette éducation c'est sa quasi incapacité d'exprimer ses émotions (avec l'age il a progressé tout de même)et même je crois de les identifier. Je connais ses frères et sœurs et ils sont tous charmants, avec une part d'eux inaccessible,la part intime et moi qui me suis élevée toute seule, je regarde ce monde inconnu avec étonnement.
Graeme Allwright a apporté au public français beaucoup de chansons anglophones magnifiques, traduites avec soin, pas comme Aufray traduit Dylan (au hasard).
C'est lui qui m'a fait connaître Léonard Cohen, je lui en sais infiniment gré.
Luce, oui, c'est exactement ça que j'essayais de décrire, cet enfermement de la part indomptable de l'humain, les émotions, derrière les codes. J'aime bien quand aux bonjours merci madame s'ajoutent un peu de sauvagerie :) :heart:
Anna, oui, entre temps j'ai vu que c'était Graeme Allwright et je me suis dit : oh bien sûr, ça ne pouvait être que lui, et, pour le coup et une fois de plus, la chanson est très bien adaptée, en effet.
Oui, je sais pas si les bonnes manieres c'est vraiment un gage d'etre bien eleve, au sens que moi je l'entends quoi.
L'example que j'ai envie de citer c'est ma Grand-Mere. Jte jure le nombre de fois ou on a entendu les "pas les coudes sur la table / les chaises sur 4 pieds / on emmene la fourchette a la bouche et pas la bouche a la fourchette, pis qu'il fallait mettre son pull bleu marine qui gratte et se demeler les cheveux pour la messe le dimanche.
Pis à cote de ca, ma Grand-Mere, c'est un genre de Tatie Danielle. Plus méchante, singlante, meprisante, radine, autoritaire, injuste (a faire des distinctions entre ses fils preferes / ses petits-enfants preferes ou pas) et raciste, tu meurs (enfin non tu meurs pas, ca conserve la mechancete!).
Ben moi c'est ca que je trouve TRES mal eleve...
drenka, oui, je crois que je vois bien ce que tu veux dire ! C'est vrai que la bienveillance, l'équité, sont des formes de respect qui devraient compter autant que le pull qui gratte et les coudes sur la table.
Je comprends très bien - enfin, je crois : au moins je n'ai pas eu de doutes ; et si j'en avais eu, il y a ton commentaire #4 qui le précise très bien.
Ceci dit, les gens qui ne sommes pas trop bien élevés (pour ainsi dire, par opposition à ceux que tu décris dans ton billet) ferions bien, au moins de temps en temps, de nous montrer extrêmement bien élevés (ou polis ou courtois, je ne sais pas) avec tous ces gens que nous croisons qui nous rendent un service (même si c'est leur obligation, leur boulot – et a fortiori quand ça ne l'est pas), mais qui nous sont invisibles même quand nous leurs disons bonjour monsieur merci madame au revoir les enfants : les regarder dans les yeux, se mettre mentalement à leur place ("empathiser" ?) (et du coup arrêter de parler au téléphone quand on est devant eux, par exemple : la caissière du supermarché, l'hôtesse qui vérifie la carte d'embarquement, le contrôleur qui nous rend le billet de train, le marchand de journaux ou celui de fruits et légumes...) (mais aussi : l'inconnu qui nous cède le passage par pure gentillesse, la personne anonyme qui d'un simple geste nous sauve la vie dans la rue sans que ni elle ni nous n'en soyons pleinement conscients...) : je ne suis pas sûr, mais peut-être que ça a un rapport avec ce que tu viens d'appeller sauvagerie ? Bref, comme dit Gilda quelque part (que tu ne peux pas lire) en donnant un lien à ce billet : essayer de devenir "des vrais élégants et de pensées et de façons".
Et mince, la prochaine fois je ferai plus court, j'en ai perdu l'habitude... ! :gasp: 8-)
Pablo, ah mais j'espère pratiquer assidument, le contact visuel, le vrai bonjour aux invisibles, ne pas être au téléphone en passant en caisse, tout ça. Ca, pour le coup, ça me semble faire partie des vrais essentiels pour vivre en société humaine.
Pour résumer, il me semble bien plus important de dire "bonjour madame" avec un très grand sourire sincère à la femme de ménage de mon immeuble que de savoir décortiquer les crevettes à la fourchette et au couteau.
Ce que j'entendais pas sauvagerie, c'était plutôt : être capable de se foutre des convenances pour dire à quelqu'un qu'on l'apprécie, une petite effronterie chaleureuse, tu vois ? Dans cet ordre d'idée là.
Et t'inquiète pour la longueur, c'est bon quand c'est long :D
(Et merci Gilda !)
Dire bonjour avec un grand sourire sincère et éplucher la crevette à la fourchette et au couteau, je mets un point d'honneur à pratiquer les deux.
Mais autant le premier c'est vraiment pour, comme dit Pablo qui rapporte les propos de Gilda faire partie autant que possible des gens biens, autant dans le deuxième cas, c'est pour la satisfaction de parvenir à l'exploit qui sert à rien.
Ah ! Ouf ! si on peut se servir plusieurs fois chez toi :) Il paraît que le boeuf bourguignon y est fameux :p
C'est drôle car je me suis fait la même réflexion que toi.
Je m'explique.
La première fois que j'ai promené notre fille au Parc de la Planchette, je me suis rendu compte du décalage qu'il y avait par rapport à son quartier à elle, de l'univers qu'elle avait l'habitude de côtoyer depuis bébé et surtout si elle l'allait le réaliser.
Ici, en dehors de l'environnement et de l'infrastructure que tu connais bien, il y a surtout pas ou peu d'enfants de couleur, peu de nounous aussi ! A croire que toutes les mères sont au foyer... sans compter la présence massive de Papas, c'est rassurant. Les enfants pour la plupart sont tous hyper bien sapés et seuls surtout. Où sont leurs frères et soeurs ? On en sait rien mais la conséquence, c'est qu'ils sont obligés d'aller du coup vers les autres, ce qui n'est pas plus mal enfin de compte. Je t'éparnge
Quoiqu'il en soit, je pense que ce sera riche enrichissant pour notre fille même si elle le réalisera un peu plus tard.
Désolé pour les phrases approximatives, j'ai cliqué sur "envoyer" au lieu de "prévisualiser" :sick:
sleabo, comme ça, ça me va bien :-D Et tu épluches les fruits à la fourchette et au couteau, aussi ? :p
Madeleine, oui, on peut ! Et en toute modestie, je n'ai jamais reçu de plainte au sujet de mon bourguignon (le boeuf, pas mon père !)
jOe, t'inquiète ! A mon avis, le fondement même de l'éducation c'est de savoir s'adapter, en fait. Du coup, c'est bien qu'elle ait la double culture Fossés-Jean / Planchette :-D
Pour les fruits, j'en mange peu voire pas. Justement parce qu’il faut les éplucher.
Ah, par sauvagerie tu voulais dire ça... oui, bien d'accord avec toi, évidemment ! (enfin, justement ce n'est pas évident pour tout le monde, à ce qu'il paraît !)
Mais sinon, décortiquer les crevettes à la fourchette et au couteau, non seulement ce n'est pas possible (si ? ah, bon !?), mais aussi très mal élevé (au moins à mon sens !)
sleabo, huhu, effectivement. Même les bananes avec la méthode simiesque de Leeloolène ?
Pablo, mais si c'est possible et mais non, au contraire, détrompe-toi ! En revanche tu peux manger les asperges avec les doigts, ce qui est une consolation.
Et c'est comme ça que je l'employais en réponse à Luce, et dans un contexte particulier !
...mal élevé... sauf si c'est un de tes lecteurs (sleabo en l'occurrence !) qui le fait ! :p :-D
Affaire de codes finalement... les bonnes manières diffèrent d'une culture à l'autre d'une part et d'autre part il y a le rapport public/privé qui fait qu'en privé on s'affranchit de certaines choses et ...que ça ne regarde personne ;)
Pablo, voilà, c'est ça !!
K, ton commentaire me fait penser au sentiment de tristesse que j'ai eu un jour où j'ai découvert que dans certaines familles, les enfants vouvoyaient leurs parents (et parfois réciproquement). D'ailleurs ça me donne une idée de billet que j'ai déjà sans doute écrit, mais personne ne s'en souvient !
Sleabo, tu n'as plus qu'à t'offrir cet instrument de torture fruitière. Certes, ça prend de la place dans la cuisine, mais avec ça on peut manger des pommes (sans voter Chirac !)
Anne : SURTOUT PAS de bananes ! Mais à cause du goût. En revanche la fameuse méthode me plait bien et heureusement que les petits qui eux en mangent très volontiers, ça me permet à l'occasion de jouer avec des bananes.
Anna : Ouiiiii, c'est la machine qu'il me faut ! Chaque fois que j'en voit une, je me dis que c'est la solution. Il faut juste que j'achète l'enlève-trognon qui va avec.
Je crois que je connais un nombre anormalement élevé d'ennemis de la banane... *air songeur*
Sleabo : si on parle de la même, ta pomme finit pelée, étrognonée, et coupée en spirale fine fine fine. Un vrai bonheur, surtout quand on doit en faire plein à la suite (compotes maison, tartes...), mais aussi pour ne pas se fatiguer quand c'est le soir, qu'on en a plein les pattes et qu'on voudrait quand même manger un fruit parce que, bon.
Des "bonnes manières" autrefois...peut-être en ai-je eu...données par mes parents. :?:
25 ans de travail dans l'univers que tu décris.
le "privé" et le "publique"à longueur de journée, cela m'a usé le caractère. :sick: :sick:
Je cultive maintenant le "naturel" grand sourire, :-D hochement de tête, écoute vrai. 0:-)
Quelqu'un ou quelqu'une, rencontré au hasard de mes voyages, proches ou lointains, dans le bus en bas de chez moi ou entre Sydney et Melbourne, pas de problèmes autres linguistiques. :heart:
La gestuelle m'aide beaucoup! :devil:
Je suis assez partagée... autant je ne suis pas fan du côté figé dénué d'âme de la chose autant certains aspects dans les "usages" me plaisent bien. Tu ne trouves pas qu'il y a quelque chose d'éminemment poétique dans les formules de politesse ?
Ma grand mère avait un bouquin de savoir vivre dont je raffolais quand j'étais gamine au point que j'étais incollable pour mettre la table dans les règles de l'art avec les verres et les couverts dans le bon ordre et un plan de table respectueux des usages... Ahem...(Bree Van de Kamp sors de ce corps !!!) :-D
Mais ils vont aux chiottes non ! Ils font caca ! (Coluche : Les dragées Fuca c'est un peu comme les Bisons Futés, c'est pour éliminer les bouchons) :p
Je rejoins Madeleine, y a des bruits qui courent sur le Bourguignon...
A chaque contexte son mode de communication, mais je suis bien d'accord, il y a des simagrées qui sonnent faux et qui perso me mettent plutot mal a l'aise. Et les codes de politesse en société n'empechent en rien de garder son naturel, et son bon sens. Faisons polis, mais faisons simple, quoi. :p
Anna, le seul inconvénient, c'est que c'est encombrant donc. Ils le font en pliable ?
mume, je suis sûre que ton grand sourire aussi, aide beaucoup !
heidi, mais il y a toute une subtile nuance, et sans doute pas placée partout pareil, ou en tout cas pour tout le monde pareil, entre une table mise avec attention, dans l'idée d'être accueillante, et suivant ces bonnes manières, et un certain decorum qui fait qu'on a limite pas envie de manger tant c'est pesant. Non ?
Ce qui devrait se sentir, à mon sens, ce n'est pas comment la table est mise (ou pas mise), mais le plaisir qu'ont les gens à accueillir. Mais ce n'est qu'un avis !
julio, oui oui, même si certains refusent que ça se sache !
La Sauterelle, simples et sincères, oui. T'as qu'à demander à mon enchanteur, il y a enfin goûté, au bourguignon ancestral !
Anne : C'est moi qui a l'esprit mal placé ou bien ?
Anna : Grande découverte : Cette machine étrognonne ??! C'est extra !! Pour qu'elle soit parfaite, je rejoins Anne, il faudrait qu'elle soit gonflable.
La perfection n'est pas de ce monde. :-)
C'est moins encombrant qu'un appareil à raclette, et je m'en sers plus souvent. C'est une question de rapport utilité - encombrement, quoi. :-)