L'autre jour, je méditais sur un banc, au froid soleil de l'automne, au coeur d'un quartier plutôt chic et nanti de la capitale.

Les enfants y étaient donc bien vêtus, le carré droit coupé pour les filles, la brosse douce pour les garçons, le bleu marine et le gris majoritaires pour vêtir petits et grands (j'ai l'air d'exagérer, mais à peine).

Et j'observais le manège social entre adultes.

Ils sont bien élevés.

Très bien élevés.

Très très bien élevés.

Trop polis pour être honnêtes, quoi !

Ou au moins : il y a tant de forme et de convention dans leur façon de s'adresser les uns aux autres (et sans doute à une partie du reste du monde) qu'ils m'ont fait l'impression d'être... je ne sais pas. Automatisés ?

Entendons-nous bien, je ne suis pas qu'une rebelle prête à dynamiter la bonne société, moi aussi je dis bonjour à la dame et je mouche mon nez (surtout ces jours-ci).

Mais, à l'usage, à l'usure, et désolée pour mes parents qui se sont donné tant de mal pour un si piètre résultat, il m'arrive souvent de penser que l'humanité, le respect, l'affection, peuvent prendre une autre tournure que la récitation in extenso d'un manuel de bonnes manières.

Enfin, pour vous situer, j'aime bien quand les gens repiquent directement dans le plat qu'ils ont aimé ou oublient un peu les bienséances à table sous couvert de gourmandise, que l'attachement qu'on a pour certains fait des malices au code de conduite, pour peu que ça soit respectueux et bienveillant.

Ce qui n'a rien à voir, si on y pense bien, avec le fait d'être -ou pas- bien ou mal élevé.