On achève bien les mammifères...
Par Sacrip'Anne le mercredi 8 décembre 2010, 07:00 - All about Chiboum - Lien permanent
L'autre jour, embryon de discussion philosophique avec mon papa.
On se disait que pour les animaux, au moins, on avait la décence de leur épargner une longue et pénible agonie, quand l'issue était certaine. Chose qui était refusée aux humains.
Alors certes, nous sommes humains et eux sont animaux.
Mais scusez moi du peu, les humains ne sont-ils pas, eux aussi, des animaux ?
Ok, un peu doués de langages élaborés, capable de construire des civilisations pour mieux y foutre le boxon après (quand pas pire...).
Tellement persuadés de leur suprématie qu'ils tiennent des discours du genre "ce ne sont que des bêtes".
Et curieusement. Depuis la nuit des temps on achève les bêtes, justement, pour leur épargner des souffrances inutiles. Des chasseurs aux possesseurs d'animaux domestiques. Nous n'avons aucun mal à considérer comme "humain" le fait d'aider un animal à glisser tranquillement de la vie à la mort.
Sauf quand cet animal, c'est un de nos comparses. Dont la vie est tellement infiniment supérieure que le laisser souffrir et souhaiter la mort est préférable à l'accompagner humainement.
Curieux, non ?
Commentaires
Bizarre, je me suis faite la même réflexion ce matin, alors que je caressais Chamade (qui va très bien)
Houu le gros débat philosophique qui s'engage :-)
Et néanmoins, entièrement d'accord avec toi!
Des bises aussi ;-)
Valérie, l'essentiel est que Chamade aille très bien. Mais oui, hein ?
Floh, des bisous alors, si on est d'accord !
Je suis partagée ... "à cause" de lectures préconisées par Flo ! Pour moi, accompagner humainement, c'est neutraliser la douleur (et éventuellement préférer droguer à mort quelqu'un pour qu'il ne souffre plus que lui refuser le soulagement) et offrir une présence humaine.
Je pense que nombre de personnes qui réclament l'euthanasie le font par peur de mourir dans des conditions indignes ; pour moi ce sont les conditions qu'il faut changer, avant de reposer le débat de l'euthanasie ...
Zelda, il y a aussi une question de cas par cas, évidemment. Mais de toute façon, la manière dont on "passe le cap" devrait être une question individuelle et pas de principe juridique, il me semble...
Pour "mes chiennes" j'eus le cœur déchiré ...mais nous fîmes mes fils et moi ce qu'il "fallait".
Mon Époux qui souffrit tellement, auquel on mesurait un comprimé après l'autre...
Pour lui je fus lâche, la trouille d'une intervention judiciaire dans une affaire on ne peu plus PRIVÉE.
Un environnement médical tout aussi frileux.
Me reste un remord étouffant.
Je garde près de moi de quoi arrêter le "voyage" encore faudra-t-il avoir assez d'énergie pour atteindre la boite...
Et ça...
Du coup j'ai pas droit à mon bisou ? ;-(
D'accord avec toi, cela devrait être un choix individuel. Mais l'euthanasie, c'est justement la question qui se pose quand ce choix n'est plus possible comme individuel (mais qu'il implique d'autres personnes), non ?
En tous cas, moi j'aurais très peur d'une loi qui autorise l'euthanasie, dans un pays où les hôpitaux sont débordés, les vieux isolés et où l'Etat cherche à économiser partout ... Mais je suis sans doute trop sombre ...
Parmi mes souvenirs, je me souviens cette année lorsque je suis allée faire passer la visite véto d'achat de Taimara avoir croisé le regard d'une dame qui amenait sont labrador en fin de vie. J'ai eu vraiment un pincement au cœur et une tristesse infinie alors même que je ne la connaissait pas .......
Je lis souvent ce blog (http://www.boulesdefourrure.fr/) d'une part pcq j'aime bien les histoires d'animaux et j'aime bien sa façon de voir les choses :)
mume, tu lèves un point qui est crucial. L'avis qu'on a "dans la théorie" et ce qu'on peut/veut ou pas faire dans la pratique. Et comme tu dis, le dernier geste, il n'est pas évident à faire...
Ah mais si Zelda, des TONNES de bisous :kiss , même ! Je pense que tant qu'on a les moyens de choisir pour soi, déjà, ça ne relève pas de l'entourage. Qu'on doit pouvoir décider pour soi et que le fait de prendre en compte les autres soit de la responsabilité de celui qui prend sa décision. Pour ceux qui n'ont plus les moyens de décider par eux-mêmes... c'est plus compliqué. Mais je crois qu'il y a encore énormément d'humains, dans les hôpitaux... Et re des bisous !
Arkadia, je vais aller lire, alors.
J'ai emmené I. chez le véto parce qu'il se laissait mourir de faim. Il avait 15 ans et une énorme boule dans le bidon, il tenait plus sur ses pattes. J'ai demandé qu'il soit endormi. C'était en avril 2008. Je m'en remets pas.
Alors oui, c'est plus humain ... pour la personne qui part ... Comment pourrais-je gérer pour ma mère, ma soeur, mon enfant ... si déjà je ne m'en sors pas avec LeChien?
Dsl pr les fautes Anne ...je suis fatiguée :)
Raphaëlle, oui, comment on fait ? Mais comment on affronte, aussi, la douleur intense d'une personne qu'on aime et dont on sait qu'elle est condamnée ? Il n'y a pas de réponse, je crains. Juste des histoires.
Arkadia, pas de soucis ! J'en sème plein aussi !
Premièrement nous sommes tous condamnés. Dans longtemps, dans pas longtemps, avec ou sans douleur, et quand donc devient-elle impossible la douleur, ou encore vivable?
Deuxièmement nous sommes tous des animaux, et rien ne permet d'affirmer que nous serions supérieurs aux autres. Notre ami l'Ours sait bien que tous sont doués de paroles et que la seule difficulté est que nous ne nous comprenons pas, en dehors de quelques notions basiques, j'ai faim, j'ai mal, viens ici, dehors, chiens, chats, baleines et caribous parlent aussi.
Troisièmement, nous avons déjà assez de mal à nous comprendre entre nous, même sur les notions basiques, tenter d'y parvenir un peu mieux suffit largement à mon existence.
Quatrièmement, demander à un législateur de mettre son nez là-dedans est de la folie, et les laisser s'en mêler de l'imprudence, surtout quand on connaît nos législateurs du moment. Et je ne parle même pas des médecins. Qu'ils se contentent de poser des garde-fous assez souples et nous laissent nous débrouiller avec nous-mêmes, nos remords nos peurs et nos lâchetés, pas besoin de loi pour compliquer encore la tâche, de toute façon tôt ou tard nous n'y échapperons pas, il faudra accompagner ou être accompagné.
Cinquièmement, que ferai-je le jour ou cela arrivera pour moi-même ou pour un proche aimé, je ne sais pas, je ne sais rien, je n'en ai pas la moindre idée et je frémis rien que de penser que cela sera. Et pourtant, cela sera et il faudra bien décider ou ne pas décider, coincé dans tous les cas. Alors, comment pourrais-je prétendre savoir pour d'autres?
ce qui se fait n'est pas toujours rendu public, l'intimité est de mise à ces moments particuliers qui, pour certains, sont jugés comme hors la loi.
Je suis déjà prêt : quand il le faudra, s'il le faut, j'emmènerai LeChien. Je l'emmènerai pour lui et au nom de toute l'affection que nous lui portons.
Après, autre aspect, pour la distinction humain-animal, on est des êtres vivants et, par choix, nous vivons ensemble.Je préfère voir ce que nous partageons plutôt que ce qui nous distingue ou nous sépare.
Quant à nous,humains,"la vie nous mord"...et chacun est renvoyé à son intimité. J'ai bien une idée - au calme, et rationnelle- mais sur le moment, je suis bien en peine de présumer dans quel état d'esprit je serai...
andrem, si je résume, on est d'accord...
peekaboo, oui, évidemment. Mais c'est le côté "la loi qui décide" qui me gêne. Et ses prétextes moralisateurs sur la suprématie de la vie humaine quand elle touche à sa toute fin...
K, humain, quoi.
Trop épuisée pour lire toutes les réponses, je veux juste dire que pour ce qui est de mes convictions, pour l'instant je serais contre l'euthanasie. Deux fois j'ai vu des personnes très proches condamnées et voulant mourir, que l'on a pu soulager, une s'en est très bien sortie malgré le pronostic sans appel des médecins... je suis très très réticente
C'est juste que je me disais que les animaux n'avaient pas vraiment le choix, une fois condamnés hop petite piqure.
Valérie, de toute façon, ce n'est pas un débat : ce qui me frappait c'était le côté "il y a deux sortes d'êtres vivants, nous et les autres"... mais je comprends aussi ton point de vue, bien sûr.