Assez n'est pas assez
Par Sacrip'Anne le mardi 15 novembre 2011, 08:29 - All about Chiboum - Lien permanent
Je me souviens, en sortie scolaire, du concert de cette chanteuse allemande qui chantait sur un mode bilingue une chanson qui s'appelait "Genug is nicht genug".
Dans la version française, ça donnait :
Assez n'est pas assez
Ne venez pas me dire
Qu'il faut s'en contenter
Assez ne peut suffire"
D'une voix de stentor et sur un ton comminatoire.
Ca m'avait marqué parce que c'était un peu ce que j'entendais, parfois. T'as eu 18 ? Il n'y avait pas beaucoup plus de travail à fournir pour arriver à 20 !
Certes, j'entends avec le recul et un peu (pas tout) de détricotage l'envie qu'un enfant épanouisse son plein potentiel, ait des envies de progrès, de meilleur possible.
Ce que j'entendais, moi, c'est que quand c'était déjà plus que très bien, ça n'était pas assez. Que quoi je fasse, en somme, ça ne suffirait pas.
Enfin le temps que ma paresse naturelle ne trouve là l'occasion de s'exprimer par opposition. Puisque 18 c'est pas assez, alors 10 suffira. Ou 9. On s'en fout puisque ça ne sera pas parfait !
Bref. Tout ça pour dire que je tends encore aujourd'hui à m'acharner sur les moindres détails de ce que je pourrais faire mieux. Souvent.
Et que dans une journée comme celle d'hier, il me serait bien plus utile de me dire spontanément, sans qu'on ait besoin de me le mettre sous le nez que : j'ai pris soin de ma fille selon le degré d'urgence indiqué par son état objectif, fait ma journée de travail tout à fait raisonnablement, convaincu un pharmacien de rouvrir après avoir passé une heure et quarante minutes le cul sur un odieux banc de bois, puis 20 autres dans le cabinet du docteur, nourri, soigné et couché ma fille à peine un quart d'heure plus tard que sa normale, ok pas lavée, mais de toute façon interdiction de mettre la tête sous l'eau.
Et que dans tout ça j'ai trouvé moyen de poser une journée dans pas très longtemps pour souffler à deux, mes vacances de Noël, de réussir enfin à papoter un peu avec mon amoureux.
En somme, malgré la pression continue que fait que chaque grain de poussière peut venir faire voler en éclat la belle organisation de la mère solo (pas que la mère solo, mais encore plus le parent isolé, dirons-nous), j'ai ASSURE.
Rajoutons là-dessus que si elle n'est pas aussi rutilante que je voudrais, la maison n'est pas une porcherie, et qu'on y mange majoritairement de la cuisine cuisinée et extrêmement rarement du préfabriqué, surgelé ou pas, ma foi...
Mais qu'est-ce que j'attends pour trouver que oui, j'assure ? Un brevet de bonne conduite ?
Pourquoi c'est si compliqué, l'auto estime, hein ?
Commentaires
Pas de réponse à ta dernière question (ah, si je l'avais...). Mais là pour te dire que ouaouh, je suis fière de toi! Et t'embrasser
Je t'embrasse fort aussi, ma Floh...
Encore des bisous chocolatés à tous
Des bisous chocolatés à toi aussi, ma belle Nad.
hmmm ... pourquoi c'est compliqué ? parcequ'on n'a jamais été habituées, parceque notre éducation nous a appris qu'être satisfaites de ce qu'on a fait ça confine à l'orgueil et que l'orgueil cémal ... bizarrement les mecs ont plus rarement ce problème ...
des bizzzzzz un peu congelées :o)
Je ne sais pas trop si ton billet me réconforte ou m'inquiète ... Peut-être un peu des deux, très égoïstement dans les deux cas d'ailleurs !
Que quelqu'un d'aussi solaire et "assurant" que toi puisse aussi se sentir parfois tout empatouillé dans la novembrite et la difficulté à sourire, d'un côté me fait me dire "on est jamais à l'abri alors ?" d'une voix chagrine et à la fois "c'est normal, alors, ça arrive à tout le monde et je n'ai pas à me flageller ..."
Ambivalence mon amie ...
En attendant tu as assuré, oui, et je te bisouille !
Mel, m'en parle pas, on vient d'avoir exercice d'évacuation, ça pèle !!!!
Zelda, mais non, on est jamais à l'abri, et oui, ça arrive à tout le monde. Et ceux qui voudraient faire croire l'inverse sont des menteurs ou des fous.
Si ça peut t'aider, moi ce qui me fait avancer c'est qu'avec les années et le fait d'intégrer que ça arrive, que c'est super chiant sur le moment, qu'on se sent au fond du trou et comme une grosse merde pour pas grand chose, et qu'au final, ça passe et tout reprend sa place... et bien ça arrive moins souvent, et ça part plus vite !
Et puis tout le secret, celui qui apaise, qui rend sereine, il est dans l'intensité des regards et des battements de coeur. Tu connais déjà ceux avec ton Chapotté, tu vas découvrir, peu à peu, ce qui va se lier avec le petit singe tout nu. Tu vas voir. Ca donne de la force et de la lumière. Même si. Ca arrive à tout le monde.
Et surtout, ne te flagelle pas, voyons !!
Ben oui tu assures !!
Ouhla... Ce billet me parle beaucoup.
Y a des choses importantes, d'autres qui le sont moins, d'autres on s'en fout royalement. Et ça, c'est bien à nous de le décider et d'aller à notre essentiel. Pas le temps pour le reste.
Quant a ta dernière phrase-question, je me demande souvent mais je ne sais pas. Juste que d'une manière ou d'une autre, la vie va continuer, et que c'est ça qui compte... Des bisous tout plein, gonzesse qui assure, un peu mon n'veu!
Je me demande si mes opérations "positivons" avec mon fils lui apprendront au moins ça, que s'il a fait de son mieux alors c'est "genug", pas besoin d'atteindre la perfection (ou le score de son voisin).
Merci Pappo
Oui, et puis tout ceci et variable dans le temps et dans l'idée que la vie va continuer, mais pas infiniment, sans doute, La Sauterelle. Merci
A sam'di !!
Anna, j'espère, oui, qu'on saura leur transmettre ça.
Oui, c'est clair, tu assures! (et en plus tu vis dans une grande ville, tu es une warrior!!)Objectivement, il faudrait pouvoir se dire à soi-même ce que l'on dirait avec bienveillance à une amie dans la même situation. Et se croire... Des bises ;-)
Voilà, Brige. Se dire la même chose. Et se croire. Ahem. Encore besoin de miroirs, je crois... Et merci
Ah oui, on veut être une bonne mère, une bonne fille, une bonne travailleuse, une bonne amie, une bonne amante ect ... On veut être bonne pour et avec les autres, mais si on s'octroyait le droit de l'être un peu pour et avec soi hein ? Tout un monde inconnu qui s'ouvre là non ?
Tu as eu raison de l'écrire ce billet, comme ça c'est bien officiel ! TU ASSURES !!!! Et chaque fois que tu en douteras tu pourras revenir dans tes archives, c'est écrit noir sur blanc là ! Et en plus c'est toi qui l'a écrit !!! Nous on fait que confirmer.
Tu sais avec ce que je traverse en ce moment, j'ai une excuse en béton pour m'en demander moins, et je m'en demande moins de fait, pas trop le choix en fait, mais parfois je suis prise d'un petit doute, d'une petite culpabilité, et si on finissait par moins m'aimer à cause de tout ces petits relâchements. Et j'ai une très bonne amie à qui j'ai dit ça un soir et qui m'a dit : " c'est fou comme des gens très intelligents peuvent penser et dire des conneries sur eux même ;-)" je te la ressers à l'occasion. Et je t'embrasse très fort en prime !!!
Ah la la... entre le "t'aurais pu avoir 20" de notre enfance et les "c'est pas grave, ça le fait quand même" d'aujourd'hui dans lequel on complait les mômes, on devrait pouvoir trouver un juste milieu...
C'est bien normal d'avoir des coups de mou et c'est tout aussi normal d'avoir des éclairs de lucidité où on constate qu'on se débrouille quand même vachement bien dans ce qu'on a à assurer.
Et toi, t'assures ! C'est l'évidence même
Ajoutons à cela que quand t'alignes des mots pour faire des phrases et exprimer un truc, le matin venu, tu assures grave
Un peu d'auto-estime pour pas cher : souviens-toi qu'il y a à la louche une trente-cinquaine d'années, tu fus le plus rapide spermatozoïde sur 300 millions. Spa rien non plus ;-)
Énormément de choses de ton billet résonnent chez moi, comme pour d'autres.
Cela vient avec le temps, si on l'accepte. C'est une sorte de méthode coué à pratiquer constamment et un jour cela devient presque réalisable. Il te faut encore une bonne vingtaine d'année mais tiens bon !
Ma Luce, mais tu fréquentes des gens formidables pour avoir des phrases pareilles, dis donc ! Bon, la consolation c'est qu'on s'aimera toujours, toutes les deux, même quand l'horrible vérité sur qui nous sommes aura éclaté à nos propres yeux
Je t'embrasse très très fort aussi.
heidi, ah oui, c'est comme ça les mômes, maintenant ? Oui l'équilibre, à trouver, sans cesse... merci ma coupine
janu, oh merci ! Ca me touche très très fort, vraiment. Merci. Infiniment. (Et là tu te rends compte que le compliment n'était pas mérité).
Eric, huhuhu spa faux. Mon frère d'âme, va. Je t'embrasse.
Valérie, chouette, un projet à long terme !
Éric, je ne pensais pas que tu citerais Jean-Jacques Goldman un jour.
Je connais ce sentiment, et je vois que je ne suis pas la seule... Mais il faut que je m'insurge : illustrer ton propos par un extrait de cette belle chanson de Konstantin Wecker est un contresens ! En substance, ce qu'il dit, c'est qu'il y en a marre de la tiédeur et de ne pas faire de vagues, et qu'il faut oser le grand saut au lieu de se contenter du "juste bien". Vu comme ça, la citation ne te parlerait pas un peu plus, quand même ?
Vassilissa, en l'occurrence, je ne sais rien de la chanson si ce n'est qu'elle était interprétée par une femme, allemande, et qu'il m'en est resté ces mots, alors la chanson tronquée convenait bien !!!
Mais, oui.