Les Mille et une vies

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mercredi 6 juillet 2011

Sémantique : de l'usage du mot girlie

Bonnes gens,

Vous avez pu ressentir une pointe d'agacement ces derniers jours à la énième utilisation du mot "girlie" pour décrire la nouvelle déco de ce bloug.

Un peu de vocabulaire.

Si le mot indique, en première intention, désigne le genre féminin, souvent jeune, il est fort souvent, en langue de Shakespeare, utilisé de façon dénigrante (une personne de sexe féminin qui se vêt exclusivement dans les rayons "caricature de féminin jusqu'au moindre détail), voire offensante (nénettes court vêtues voir pas du tout dans les journaux dont les camionneurs affichent des pages choisies dans la cabine de leur véhicule).

En France, au mot girlie, on associe du rose, de la manucure avec des vernis improbables sertis de faux diams, et de la déco Hello Kitty jusqu'à des âges avancés. Pour faire court.

Or, il se trouve que pour ceux qui me connaissent, il ne me semble pas que ça soit une définition ressemblante.

Alors ok, y a du rose. L'amalgame touches de rose = girlie me semble à peu près aussi hasardeux que DSK = socialiste, mais bon.

Par ailleurs, et pour mettre les choses au point pour ceux qui ne m'ont jamais vue en vrai, mon uniforme principal c'est jean / converses ou jean / bensimmon. Kickers en hiver. Et mes ongles n'ont pas vu la moindre trace de vernis depuis au moins une décennie, et n'ont jamais connu les joies de la French (manucure). Mon intérêt pour la mode, les cosmétiques, et autres considérations dites féminines voire girlie, est assez restreint (résumé à : ça me plait ? je rentre dedans ? je suis bien dedans ?).

Alors c'est pas parce que j'ai mis ici des choses qui me résument partiellement et qu'elles sont par ailleurs, roses, que c'est girlie, si ? Non.

(D'autant que je ne peux pas vous menacer de représailles sous forme d'affichage de Hello Kitty partout, je supporte fort difficilement Hello Kitty et la représentation féminine de soumission associée. D'ailleurs elle n'a même pas de bouche, autant dire que le message "porte un noeud rose et ferme ta gueule" correspond tout à fait à ma vision de ce que les femmes peuvent apporter au monde... ahem).

Voilà. Sujet important s'il en est.

Pfff. Girlie. J'vous jure....

(Et oui, limite je prends ça comme une insulte !! :D)

lundi 13 décembre 2010

Le pouvoir des mots

Ce week-end il y a eu des rires d'enfants, des pétillements d'yeux. Ils étaient moins nombreux que les années précédentes, il y a eu moins de galères, un peu moins de travail.

Mais de la fatigue, quand même, et de la joie de les voir ainsi. Il y a eu quelques instants d'échange avec leurs parents également. De la reconnaissance, de la gratitude, de l'humanité. C'était bon. C'était se sentir utile à contribuer à des sentiments positifs. C'était une raison majeure de se lever pour bosser samedi matin, bien plus que le fait que ça fasse partie de mon job.

Il y a eu des mots échangés, aussi. Beaucoup. Avec des personnes qui sont importantes dans ma vie. Des mots importants, donc. Je suis encore en train de digérer ces mots. Ces conversations qui peuvent ne jamais se finir. C'est parfois vertigineux. Tous ces mots pour traduire l'intraduisible. La vie.

Et un sentiment d'avoir progressé. Je peux, avec beaucoup d'amour, d'affection, j'espère sans agressivité ou excès, dire. Je peux dire. Mes limites. Celles du passé, celles du présent. Défendre mon territoire. Ne plus renoncer à une part de moi en fonction de quelqu'un d'autre. Ne pas en sous-estimer les conséquences, parfois. Mais dire. Etre lucide. Ne pas être dupe. Savoir où je suis, à quoi je consent, ou pas.

L'une des femmes que j'admire le plus me disait, en réponse à mes remerciements d'avoir mis des mots sur des choses qui me sont utiles : "je crois au pouvoir des mots". Je lui ai répondu que moi aussi.

Et c'est vrai. Je crois au pouvoir des mots. Pour dire "ma vérité", celle de l'instant, celle d'hier. Les mots qui permettent de dire qui on est. Les mots qui donnent la liberté d'être soi.

vendredi 4 décembre 2009

Out of everywhere

L'apprentissage de la propreté de Cro-Mignonne (maintenant achevé et parfaitement opérationnel, je rassure Samantdi au passage) m'avait fait vous révéler, indirectement, mon plaisir à employer le mot caguer et ses dérivés (cagade, principalement).

Mais ça n'était que la pointe microscopique de la partie émergée de l'iceberg !!

C'est bien le problème quand on vient un peu de partout en France et qu'on aime les mots : les patois et autres régionalismes sont pleins de trouvailles fantastiques !

Quand j'étais petite, c'était le mot rabicoins, qui m'enchantait (je l'adore toujours, d'ailleurs).

Un peu plus tard, avec Papa, on lisait en essayant de mettre l'accent et la conviction, la rubrique en provençal de Var Matin. Les matins au pain, on prenait même des cours avec les vieilles qui se parlaient d'une fenêtre à l'autre.

De leur emménagement à temps complet et de L'Emerveillée, j'ai hérité un "je suis bien empèguée", ou "ça pègue", réjouissant. Que je case dès que je peux.

D'un entourage professionnel marseillais, j'ai attrapé un "oh ! fan (de chichourle)" tout à fait incongru sous mes latitudes. Mais on est au moins deux à rire. C'est toujours ça de pris.

De ma tante au Québec j'ai appris quelques tournures savoureuses, Moukmouk mentionnait hier le verbe zigonner, que j'adore, et régulièrement, je provoque des haussements de sourcils en enjoignant un camarade debout à se tirer une bûche !

Et de l'autre côté de la Méditerranée, j'ai remplacé, avantageusement, grâce à ma copine Z., mes "oh le/la pauvre", habituels par des meskin/meskina que je saupoudre dans mes phrases.

Tout ça pour dire que j'adore les mots jolis, rigolos, tendres, pittoresques, venus de nulle part... et surtout de partout !

jeudi 30 juillet 2009

Des mots et de la cuisine

Ce matin, en accompagnant Cro-Mignonne au centre de loisirs, deux animatrices me sautent dessus pour me demander quel est mon secret pour que ma fille parle aussi bien.

Diantre. Il faut donc un secret ?

Je leur réponds que je n'en sais rien, qu'elle est entourée de bavardes depuis toujours et dans un milieu assez adulte, et voilà. Mais est-ce que vous lui parlez comme à une adulte ?

Euh... oui et non. Je lui parle comme à ma fille, je pense que j'ai adapté le débit à sa capacité de compréhension, il y a eu du bébé langage et des phrases complexes de tous temps, je ne me suis pas fait de religion, à vrai dire.

C'est vrai qu'elle parle bien et qu'elle a commencé très tôt, mais je me suis toujours dit qu'il en était de ça comme du reste : certains démarrent le langage quand d'autres marchent (en fait elle a marché simultanément, mais elle n'était pas très vive sur la propreté, ni sur la sociabilisation)... Bref, je ne me suis jamais posé la question du pourquoi. C'est comme ça, ça lui convient et à nous aussi, voilà.

Je me suis assise avec elle, comme hier (moins son Papa qui est parti aux horreurs ce matin) et on a pris un livre pour se dire au revoir.

Alors une nuée d'enfants, une petite dizaine, s'est installée autour de nous pour venir écouter. Je disais par mail à un blogami ce matin que ça avait quelque chose de magique, que tant que les enfants aimeraient qu'on leur raconte des histoires, il y aurait de l'espoir pour le monde.

En tout cas j'étais émue de cette ribambelle multicolore, avec des dentitions variables et des sourires immenses qui nous cernaient.

Et puis en arrivant je tombe sur le billet de Pablo. (Je tombe, mais sans entorse, cette fois. Huhu)

Pablo nous parle de gazpacho et d'un livre de cuisine, sorte de bible obligée de l'apprenti cuisinier espangol.

Ca m'évoque la "Cuisinière Provençale".

Une bible familiale, centenaire, et dans laquelle nous puisons recettes et inspiration génération après génération. Papa l'a offert à L'Amoureux (pas parce qu'il est jaune, hinhin !), un peu comme un gage d'entrée dans la famille, je soupçonne.

Cro-Mi adore aller le prendre dans les étagères, à cause de sa couleur, je suppose, et nous raconte d'improbables recettes de cuisine.

Improbables, mais à peine moins que les originales, puisqu'elles sont à peine (si ce n'est pas du tout ) modernisées.

Pour parodier, ça donne à peu près "chauffer le four à pain à la température requise. Mettre un bon peu de ceci et un chouïa de celà et cuire jusqu'à obtenir le résultat attendu".

Un peu exagéré, mais à peine.

Dans les recettes, comme dans les histoires, on transmet tant.

Sans doute pour ça que j'aime lire des histoires et faire à manger à ceux que j'aime.