Les Mille et une vies

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Si on refaisait le monde ?

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mercredi 30 novembre 2011

La politique du chiffre

Ici, dans cette boîte, on vit dans le culte du chiffre, du mesurable, du ROI, du KPI.

Comme dans de nombreuses un peu grosses entreprises (ok le fait d'être une équipe de deux sur un projet marginal et semi détaché rend sans doute le contraste plus frappant).

Et on a aussi des valeurs et on aime communiquer dessus.

Alors il y a des phases. Les personnes handicapées dans l'emploi, les femmes au pouvoir dans les comités de direction.

Il m'ensouvient de cette phase. Nommer des femmes. A des postes très importants. En oubliant de leur donner la formation ou les outils en face. Comment passer du management de 3 personnes à celui de 30, avec interface avec le conseil d'administration, par exemple ?

Du coup, création de souffrance. Mais pour la bonne cause, il y a une femme de plus dans le tableau.

Et on peut écrire sans mentir : en 200X, nous avons augmenté de 38% (chiffre au pif, hein, c'est pour l'exemple), le nombre de femmes siégeant dans les comités de direction).

Elles sont parties, pour beaucoup d'entre elles, moins de deux ans plus tard. Avec le choix entre "régresser" et ce que ça comporte dans la hiérarchie interne. Même dans un si grand groupe, on est plus tout à fait anonyme quand on a siégé dans un comité de direction. Ou alors partir, ailleurs. Nouveaux horizons. Post burn out. Peut-être des traces à vie ?

Et la conviction, la mienne, que bien formées, préparées, accompagnées, par opposition à parachutées parce qu'elles avaient un potentiel fort mais pas encore assez d'expérience pour entrer dans ces bottes là, elles s'en seraient sorties en s'épanouissant en plus, en y laissant pas autant de plumes.

Ok. Ces 4 ou 5 noms qui me viennent à l'esprit sont sans doute une coïncidence.

Personne n'est assez cynique pour sacrifier de l'humain sur l'autel des chiffres, du résultat, du ROI et du KPI, bien sûr...

vendredi 21 octobre 2011

J'insiste, persiste, et signe

Quitte à subir avec des sentiments mêlés la disparition de l'ensemble de mes mots dans le silence, que dis-je, dans une forme de trou noir, je vais m'obstiner sur des choses qui intéressent peu.

Mes camarades grévistes, par exemple (je dis "mes", je ne les connais pas, mais notre croisement deux fois par jour fait que je compatis et m'intéresse tout particulièrement à leur sort.

Ils étaient donc là, encore, ce matin. Des 15 secondes où je peux regarder; le tout en faisant gaffe à la route, ils m'ont paru plus calmes, mais aussi plus organisés.

Comme si l'élan de colère, de ras-le-bol qu'il avait fallu pour les pousser là se canalisait. Maintenant il faut s'organiser. Prévoir que ça pourrait durer. J'imagine.

Du coin de l’œil je vois une pancarte. Avec dessus un mot que je lis plus vite que les autres.

Insalubrité.

INSALUBRITE.

Je ne vois pas comment ne pas réagir avec une colère énorme. Ca vous paraît acceptable,à vous, même vous là qui n'osez pas dire que les grèves ça vous indiffère, ça vous fait chier, c'est sale, que dans des tas de pays on ne fait pas grève et que c'est mieux qu'ici, ça vous paraît acceptable qu'on envoie des gens bosser dans des lieux insalubres, ici et maintenant, en région parisienne, automne 2011 ?

Que les mecs aillent pointer et se prendre leur dose de je ne sais ? Moisissures ? Escaliers qui menacent de s'effondrer ?

Bref, qu'ils mettent de côté leur santé, leur sécurité, et même leur goût du travail bien fait parce que la seule chose qu'on doit leur répondre c'est "on a pas le budget" (qui doit se trouver être payé par les fonds public. C'est vrai que les frais de bouche de la mafia du 9-2 doit être prioritaire).

Et s'ils insistent un peu, parce que vraiment, c'est plus tenable, qu'ils bossent pour le bien public et qu'on leur offre Germinal, "oh ben si t'es pas content, y en a 500 qui attendent ta place".

Vous la mesurez, la violence de ce monde du travail ? Ca ne vous fait rien à vous ?

Oué. Je sais. Not in my backyard. Ce qu'on ne voit pas ne fait pas mal.

Mais cette situation, ce crachage à la gueule permanent, c'est nous tous qui l'avons fait. Nous tous avec nos "mais moi, alors ?", notre tendance à faire passer notre intérêt juste un peu devant l'intérêt général.

Du coup, pas trop regarder le voisin, des fois que sa merde à lui soit plus embarrassante que la nôtre. Si on ne sait pas, on peut faire comme si, et se plaindre un peu.Ne pas se sentir un peu obligé de lui tendre la main. Ca serait inconfortable de ne pas le faire. Reste de morale...

Et à coups d'yeux fermés sur ce qui ne nous arrange pas et de moi d'abord, on l'a fabriqué ce monde où des tas de gens ont su flatteur nos "mais moi, alors ?", nous faire croire qu'ils allaient bien s'en occuper, de nos petits nombrils individuels. Pour nous la mettre bien profond une fois qu'on leur avait donné le pouvoir de le faire.

Alors vous savez quoi ? Cette grève dans une usine que la plupart d'entre vous ne verront jamais, c'est ma faute, un peu, la vôtre, aussi, celle de nos parents, et ceux qui sont "contre la grève", je les emmerde.

En fait je nous emmerde tous. Je me dis qu'on est vraiment une espèce à la con, l'humain. Qu'il y a eu quelques moments de génie mais qu'on est tous une bande de connards soucieux de leurs petits "oui mais moi...".

Merde.

Colère je suis.

jeudi 20 octobre 2011

En grève

Au bord de ma route, ce matin, une usine, la même que d'habitude, sauf que cette fois, il y avait des banderoles, des gens en colère.

Usine en grève.

Même dans la nuit finissante, même dans le silence des vitres fermées, leur colère était assourdissante.

Alors je n'oublie pas.

Je n'oublie pas que même si certains n'étaient pas d'accord, que même si les grèves génèrent des coûts, des pertes, que même s'il est facile de taper sur les syndicalistes parce que c'est de bon ton (et de ne pas voir tous ce que nombre d'entre eux donnent pour un peu plus de justice...).

Je n'oublie pas que derrière une grève se cache aussi une tentative désespérée de faire valoir que le travail de l'humain a encore de la valeur.

Désespérée, car on ne joue pas avec son job, avec son outil de travail, juste pour le plaisir du rapport de force.

Il faut déjà avoir perdu beaucoup d'espoirs dans le dialogue avant d'en arriver à faire grève...

jeudi 22 septembre 2011

Eparpillements

Entre mes propres distractions et mon boss qui est en demande souvent, ces derniers temps, je bosse par fragments de 5 minutes consécutives sur le même sujet.

C'est un peu agaçant, et puis pas toujours très efficace.

Et matière à étourderies. Et pertes de temps sur le mode "mais où j'en suis".

Pas la peine de râler, pour ce qui concerne Boss, c'est structurel. Soit il pense que je suis à son service exclusif pendant le temps de mon emploi salarié, soit il pense que j'ai un cerveau surpuissant capable de gérer 12 travaux herculéens autant que simultanés.

Un peu des deux, sans doute.

Ca va se tasser, un peu, sans doute, dans quelques jours, jusqu'à la prochaine phase. Où il le fera de nouveau beaucoup. Ou bien c'est moi qui remarque plus.

En attendant, parfois, j'ai l'impression que mon cerveau et mon pc vont s'éparpiller façon puzzle.

Au moins ça me fait rire.

jeudi 15 septembre 2011

Minute crâneuse

Certains d'entre vous le savent, je suis une grosse crâneuse.... surtout quand je raconte que je fais la bise à un ministre du travail.

Plus en activité.

Mais à qui nous devons quelques lois sympathiques, dont, pour ceux d'entre vous qui sont salariés, la fameuse cinquième semaine de congés payés.

Il est le parrain de mon "sujet de travail", et officie avec nous sur un des projets dont je suis le plus fière.

Hier soir je l'ai croisé en sortant du salon, nous nous sommes donc bisés, puis avons fait quelques pas ensemble.

Il fut question de dépersonnalisation de la fonction présidentielle, de conseil des sages de la transition (vers un monde meilleur, de préférence), de l'absurdité du système boursier et de ses répercussions, de la toxicité des primaires socialistes, et du fait que sans changer d'avis, plus le temps passait, plus on se sentait à gauche.

Et puis on s'est dit à bientôt et c'est un vrai à bientôt : on doit vite travailler sur l'un de nos sujets en cours.

Parfois y a des tas de trucs pesants, dans la vie de salariée, mais il faut bien avouer que j'ai parfois des tranches de 5 minutes assez gratifiantes.

mardi 21 juin 2011

Avec pulpe ou sans pulpe ?

Avec mon papa, nous avons des sujets de conversation récurrents.

La politique, la société.

L'avenir du monde.

Le meilleur pays où fuir.

Et le jus d'orange.

Oui oui oui, parfaitement. Mon papa ne peut pas voir une bouteille de jus d'orange "avec pulpe" sans se lancer dans une longue diatribe sur la pulpe qui n'en est pas, qui est du plastique imbibé du jus, que du coup on me vend du plastique au prix du jus d'orange (ce qui, d'ailleurs, est faux, le prix au litre de ma marque préférée est moins élevé avec pulpe que sans. Ce qui lui ferait dire, tel que je le connais "encore heureux" !). Il a même été jusqu'à enrôler un complice pour mettre au point un slogan "plus y a de pulpe, moins y a de jus", alors même que je lui avais pressé de l'orange fraîche et filtré juste pour lui, un matin aux horreurs, pour l'aider à s'éveiller en douceur et en bonne humeur. Vous vous rendez compte ??!!

Bref, ça s'étale sur des années et quels que soient les arguments opposés, y compris le basique "et si ça me plait ?", y compris l'achat d'orange sans pulpe spécifiquement pour lui lors de ses passages, on sait, que dis-je on SAIT que le sujet sera traité.

Ils viennent ce week-end, mon papa et ma maman. Youpi. Ca fait une éternité qu'on ne s'est pas vus (long is the road).

Alors du coup ça fait une bonne semaine que je rigole en regardant le jus d'orange dans le réfrigérateur.

Mouhahaha.

vendredi 18 mars 2011

Où vont les mots ?

Un jour j'ai demandé ça.

Ou plutôt, je me suis réveillée avec cette phrase en tête, cette question.

Où vont les mots ? Ceux qu'on prononce, ceux qu'on écrit, ceux qui appellent une réponse ou pas, ceux auxquels on a eu une réponse ou pas...

Je crois me souvenir m'être demandé, avoir demandé, si ces mots alimentaient les machines à penser, à rêver, ou bien juste s'ils s'effaçaient, loin de la mémoire, enfin quelque chose dans ce genre.

Peut-être un jour, celui à qui j'ai posé la question finira la réponse qu'il avait en tête ? (:-p, by the way).

En attendant, parfois, j'y repense.

Je ne sais toujours pas où vont les mots.

Mais je sais que j'aimerais ce qu'ils soient. Des mots bulles, des mots caresses, des mots douceurs, des mots qui donnent de la vie, de l'envie, des mots bonheur, des mots rires...


BASHUNG - Les Mots Bleus par Like_Finger

Ou même des mots bleus, tiens...

jeudi 13 janvier 2011

Ze rendez-vous

Ce midi j'ai un rendez-vous TRES important.

Et non c'est pas sexuel.

J'ai rendez-vous avec un banquier de la banque à qui parler. Autant vous dire que mes espoirs reposent entre ses mains, et que je suis au taquet.

Donc merci de croiser les doigts, d'incanter, de danser, de poser des cierges, d'envoyer de bonnes ondes, fonction de vos préférences et de vos convictions.

Le pire c'est que je ne vais pas pouvoir vous dire en rentrant si ça sera bon ou pas.

Il faudra attendre, encore un peu. Je suis loin dans mes limites de patience, là, vous savez ?

J'en peux plus, dit-elle dans un grand soupir.

Et pourtant, je renfile l'armure, je grimpe sur mon fidèle destrier, j'empoigne la lance et je vais argumenter, raconter, tenter de convaincre, encore et encore.

Et un jour je vais, j'espère, pouvoir m'intéresser à la couleur des murs...

Wish me luck.

jeudi 18 novembre 2010

Je n'ai pas de problèmes

J'ai déjà raconté, plusieurs fois, pourquoi et comment j'en étais venue à vivre ma vie "ici et maintenant" plutôt que de me laisser entraîner dans d'interminables déprimes.

En gros, la perte précoce et qui laisse un vide abyssal de mes grands-pères, oncles, et de ma grand-mère paternelle.

Que ces deuils, ces creux, m'ont forgé l'envie de profiter de chaque instant de joie, même s'il est profondément englué dans une journée pas terrible. Voire pire.

Il y a autre chose.

Mon année de maîtrise, je l'ai passée dans la littérature concentrationnaire.

Avant, bien sûr, je savais qu'il y avait eu des guerres, des massacres, des choses barbares tout au long de l'histoire. Mais là je suis passée du côté de ceux qui ont survécu. Et raconté.

Si je dois me souvenir d'une chose et d'une seule (et c'est impossible, mais c'est celle que je veux raconter aujourd'hui), c'est que je n'ai pas de problèmes.

Je n'ai jamais eu faim plus de quelques heures. Personne ne m'a jamais maltraitée au point de mettre ma vie en danger. Mon existence d'humaine n'a jamais été niée, au contraire, elle a été favorisée, mise en avant, par des gens aimants. Il n'y a pas un jour de ma vie où je n'ai été aimée, d'une façon ou d'une autre. Je n'ai pas eu à construire la suite de ma vie sur une tragédie.

Alors quand les emmerdements sont un peu lourds, qu'il faut compter trois sous, se débattre dans les papiers, se dire qu'on se sent parfois un peu seule, ça me revient, automatiquement. Ces mots, ces écrits. Et cette phrase : je n'ai pas de problème vital. Que des soucis, auxquels il faut accorder le droit de pourrir un peu la vie, mais pas plus.

Toute la douleur que j'ai pu ressentir jusqu'à présent n'est que celle d'une vie humaine banale. Aussi fort peut-on aimer et en souffrir, aussi fort puisse-t-on être déçu ou contrarié, il n'y a rien là qui me donne le droit de passer à côté de ma vie. D'en gâcher de précieuses journées.

Ca ne veut pas dire qu'il n'y a jamais de larmes, de mal au bide, ou de souffrance.

Ca veut juste dire que je n'ai pas de vrai problème. Rien qui me mette en danger et que je ne puisse combattre en ouvrant les bras et en accueillant ce qui est bon.

Nat King Cole pour illustrer en musique...

mardi 19 octobre 2010

En maraude, en manif ?

Aujourd'hui, journée de mobilisation générale contre les retraites.

Aujourd'hui, journée qui n'est plus "en hauteur", mais où on est supposés accueillir du monde, plein de monde. Et arriver suffisamment tôt pour préparer de quoi les accueillir.

Comme on a plus de lieu fixe, on se ballade dans Paris.

Et vous voulez rire ? Le site du jour, il est à quelques centaines de mètres de l'arrivée de la manif, dites donc.

Vais-je y arriver ?

Nos invités ?

Allons-nous pouvoir repartir ?

C'est une journée point d'interrogation, pour moi.

Au moins, si on est bloqués là-bas, on pourra bosser ET aller manifester...

En guise de consolation, et pas des moindres, je sais que mon client préféré, le plus grand, le plus beau, le plus intelligent, et le plus manifesteur, il sera là, justement parce qu'il pourra aller arpenter à la fin de nos activités communes. Comme ça fait quelques semaines que je ne l'ai pas vu, ça me console (oui, je suis une fille, j'aime quand les garçons sont, en plus d'intelligents, charmants, grands, musclés, tout ça. Même quand ce sont des clients. Parce que mes clients, je leur fais des bisous pour leur dire bonjour, en fait !)

lundi 13 septembre 2010

Human Being

J'ai croisé samedi un nombre considérable d'humains qui veulent changer le monde.

D'autres aussi, qui avaient légèrement modifié leur perception dudit monde par l'abus de substances diverses.

Entendu de la bonne musique, fait quelques jolies et brèves rencontres.

Pour ceux qui seraient curieux de mon train de vendredi, il est à quai, dans une gare. Quoi qu'il arrive dans ma vie, je ne pourrais jamais regretter de l'avoir visitée. Et c'est tout ce que je vous en dirai pour l'instant.

Goûté à quelques plaisirs simples, de l'âme, du cœur, de la gourmandise, des oreilles. Dont eux. Enjoy.

Je vais passer une partie de la semaine sur un salon, je ne sais pas encore si j'aurais envie de boguer le soir. Mas quoi qu'il arrive on se retrouve vite.

vendredi 3 septembre 2010

En avant-première de la Fête de l’Huma

Mardi en arrivant au bureau, j’ai été accueillie par un concert de Vuvuzelas !

En fait ça n’est pas exact. Je suis arrivée (tôt) et en descendant fumer une cigarette avec une charmante collègue, nous avons assisté à la mise en place d’un piquet de manifestants, dûment équipés de cet instrument du diable.

Il faut dire : si le quartier est une sorte de trou du cul du monde (oui ! Mais du Monde ! dirait Marianne James), l’immeuble est flambant neuf et les sociétés qui l’occupent tout ce qu’il y a de plus connu, voir côté au CAC 40.

Bref, l’intersyndicale unie (c’est ce que disaient les banderoles) s’installe, tentes à l’appui, et commencent à se chauffer pour l’accueil de leurs collègues à coup de claironnements variés.

Moi, vous me connaissez. Bien contente qu’il y en ait pour avoir les couilles de faire. Alors ils peuvent bien me casser les oreilles toutes la journée, je serai contente quand même.

L’ambiance avait changé un peu pour le déjeuner. En sortant du RIE, mon camarade (j’emploie le terme avec une quantité de sens tout à fait amusante) L., la jeune et jolie J. et moi sortons d’un pas rassasié, aussitôt accueillis par… les Chœurs de l’Armée Rouge.

Diffusés sur une sono toute pourrie. On s’est quand même sentis pénétrés par une sorte d’ambiance un peu étonnante, pensant à l’Histoire, ce qu’elle avait eu de bon, de terriblement néfaste, laissant les voix nous coller un peu le frisson, même si.

Il s’en est suivi une série de chants partisans dans des registres variés, tous massacrés, de toute façon, par la sono qui faisait mal aux oreilles. Nous en avons profité pour échanger sur la grandeur du chant choral, la tonalité du chant révolutionnaire compte-tenu d’un contexte géopolitique, et la possibilité d’aller manger quelques sandwiches au foie-gras descendus à gorgeons de Pousse-Rapière lors de la prochaine fête de l’Huma.

J’ai aimé l’incongruité de ce moment, autant que le fait de constater qu’il y a encore des gens pour lever le point poing et s’indigner.

Beau moment (même avec mal aux oreilles).

mercredi 25 août 2010

Sakineh

Sakineh,

Quand je pense à votre histoire, me revient une phrase citée dans "Nana Blues", d'Erica Jong. Que nombre d'hommes de votre pays doivent haïr, tellement elle est (Erica Jong) à l'opposé de leurs lois inspirées par dieu sait quoi. Certainement pas un dieu, quoi qu'ils en disent.

Cette phrase dit : "Nul ne peut être privé d'amour sans abondance de raisons".

Sakineh, vous avez aimé. Comme un être humain, doté d'un cœur qui bat, d'un corps. Nous ne sommes, au fond, que des mammifères, et que serait la vie sans cette intense vibration de l'amour, du désir ?

On vous a mise en prison pour cet amour. On veut vous tuer, vous assassiner (car même si la justice l'ordonne, c'est un assassinat). On veut vous tuer pour être humaine. On veut vous tuer sans raison humainement, et quoi qu'ils en disent, moralement valable.

Je ne reviens toujours pas de ces pratiques.

Aujourd'hui, Sakineh, je suis privée d'amour. Comme une européenne dans la trentaine, je me demande si quelqu'un va m'aimer de nouveau, si je vais aimer quelqu'un. Mais ça n'a pas d'autres conséquences qu'un peu plus ou moins de joie dans une vie qui n'en est pas dépourvue.

Aujourd'hui, on veut vous tuer. Pour le motif inverse. On devrait louer l'amour, on devrait remercier chaque être amoureux, d'apporter un peu de sa lumière à l'humanité.

Et même si ça paraît bizarre, nous qui ne nous connaissons pas, dans des mondes si différents, quand je sens mon moral qui flanche, je pense à vous.

Je me dis qu'il serait indécent de me lamenter alors que je garde mon entière liberté d'aimer.

Sakineh, je souhaite de tout cœur que les femmes ET les hommes du monde vous sauvent.

Vous, et toutes les femmes qui risquez de mourir dans la barbarie pour avoir laissé leur cœur battre, comme il se devrait.

Sakineh, je ne vous connais pas, mais je pense à vous tous les jours.

Sakineh

Sakineh Mohammadi-Ashtiani photo fournie par Amnesty International (Photo AFP)

mercredi 14 avril 2010

Welcome

J'ai enfin vu le film Welcome que j'avais envie de regarder depuis longtemps.

Et même si coupé en deux par la force de la loi du sommeil de l'un (suivez mon regard !), j'ai aimé ce film bouleversant.

Et j'ai pleuré de quoi remplir la Manche, bien sûr.

Je me disais, en terminant, qu'heureusement qu'il y a eu des gens pour faire l'impasse sur le délit de solidarité. Heureusement qu'il en est aussi pour ne pas demander les papiers des gens qu'ils dépannent d'une clope, d'un peu à boire ou à manger, d'une pièce.

Heureusement qu'il en reste pour apporter un peu de chaleur logistique ou humaine, là où d'autres, là où des institutions, des états, ne voient dans les personnes en situation irrégulière qu'une population à éradiquer. Comme les termites. Ou les rats.

Heureusement qu'il y avait le regard de Bilal, les larmes de Simon, pour bouleverser quelques cinéphiles. BIen que ceux qui ont vu le film étaient, je suppose, convaincus d'avance. Mais s'il a fait progresser un peu d'idées dans un peu d'esprits, et bien...

dimanche 11 avril 2010

42.705

42.705 est mon numéro du jour, pour 42,195 kilomètres !

Pensées pour Pablo, Otir, ses fils, et tous les formidables blogueurs qui marathonnent virtuellement ce matin !

jeudi 25 février 2010

Code et déconne

Le billet d'hier de Leeloolène me rappelle une observation routière qui datait de la veille.

Sur l'autoroute, en rentrant à la maison, la circulation était un peu plus fluide que d'habitude, merci les vacances.

Hélas, s'il est agréable de rouler moins lentement, ça donne de mauvaises idées à certains conducteurs.

En l'espace de 500 mètres, je vois successivement :

- une voiture zigzaguer entre les files pour gagner des places à chaque fois et profiter en alternance de la vitesse qui lui convenait le mieux. Hop, ça roule à droite, je me fous à droite. Hop, ça roule à gauche, je me colle à gauche. Avec changement de file toutes les deux voitures...

- une autre voiture qui voulait changer de file et qui fait le forcing comme un malade sur une vingtaine de mètres pour s'insérer entre deux bagnoles assez proches l'une de l'autre. Alors qu'il y avait un espace de 15 mètres entre la deuxième voiture et le reste de la file.

- puis, bouchon à la sortie. La voiture juste devant moi campe à moitié sur ma file, moitié sur un zebra, paralysant du coup encore plus la circulation sur ma file le temps de guetter le trou pour se remettre sur l'autoroute et éviter le bouchon.

Oui, je sais, on est tous concernés par une infraction, plus ou moins volontaire. Oui, la pratique routière quotidienne, ses automatismes, ses agacements, nous ont tous amené un jour ou l'autre à faire un truc pas très orthodoxe. Mais là, en même pas un kilomètre, autant de dangers qui ne servaient à rien d'autre que l'agrément du conducteur concerné, au mépris de la sécurité du reste du monde, les bras m'en seraient tombés si je n'avais pas eu besoin de tenir le volant.

Monde de barges.

mardi 24 novembre 2009

Une sorte de mépris

C'est bizarre, comme quand, dans un groupe de gens qu'on a pas choisi (par exemple : la table des collègues du midi, chez nous), la discussion part sur quelque chose estampillé "culturel", il y en a toujours pour tordre la bouche et avoir l'air de trouver que la culture, c'est con.

Je me souviens, au collège, "intello", c'était une insulte.

Et dire qu'on aimait lire, une bonne raison de s'attirer des moqueries (au mieux).

Je me suis toujours demandé dans quelle source puisait ce mépris du plaisir à lire, à voir une expo, un beau film ?

D'une sorte de complexe du "moi j'connais pas alors c'est nul" ? D'une peur d'être mal jugé ? Ou de la certitude que ce qu'on aime pas ou ne connais pas, c'est dangereux ?

Ca me blesse, pour l'humanité, et ça me gêne, ce regard pouark.

Et je le dis avec la confiance de celle qui s'est avachie devant un télé crochet hier soir et qui assume pleinement aussi bien ses plaisirs faciles que ceux qui demandent de tourner des pages, parfois d'insister un peu, de se déplacer...

jeudi 15 octobre 2009

Rire (jaune, mais rire quand même)

Comme certains de vous s'en doutent sans doute, la nomination à l'élection d'un certain fils de à la tête d'un certain établissement public d'aménagement n'est pas sans possibles conséquences pour ma vie professionnelle. En même temps, s'il n'y avait que ça !

Mais bon. Ca fait causer chez nous aussi.


Du coup quand j'ai entendu la chronique de Didier Porte, qui me fait rire depuis de nombreuses années déjà, j'ai failli emboutir la voiture de devant, tellement je ricanais. Jaune. Mais c'est déjà un début, par les temps qui courent.

Alors je ne résiste pas à l'envie de vous faire partager.



"Bonne chance mon fiston" !
par franceinter

(Et PS : pour ceux qui auraient entendu une rumeur, non, l'artiste connu dans des temps anciens sous le nom de P. ne s'est pas produit dans mon bureau. Mais ça nous a bien fait rire, aussi).

mercredi 30 septembre 2009

Poussières d'étoiles

Nous passons comme des étoiles filantes, comme des météorites, dans la vie des uns et des autres...

Avec certains, les trajectoires communes sont longues, durent. D'autres ne font que passer. Comme la lumière, la trace dans nos vie des étoiles qui la constellent ne sont pas forcément immédiates. Et ne sont pas nécessairement proportionnelles à la durée du chemin partagé.

Certaines de nos étoiles nous quittent pour toujours, sans espoir de se recroiser plus tard. En tout cas sans certitude.

Mais la douleur qui nous prend lorsqu'ils quittent notre route, c'est de l'amour, encore. De l'amour qui fait mal, mais de l'amour qui existe et qui restera. On ne cesse pas d'aimer les gens qui ne sont plus près de nous, et de nos souvenirs on fait un carburant pour continuer la route.

Des moments difficiles.

De quoi sont faits notre conscience, de nous, des autres ? Nos sentiments ? Où se fabrique toute cette alchimie qui fait de nous des êtres à part, nés pour les liens qui les uniront avec d'autres météores ? Qu'est-ce qui reste de toutes ces sensations ?

Personne ne peut affirmer avoir de réponses à ces questions. Alors concentrons-nous, comme les tout petits, sur l'intensité des émotions, sur les liens que nous entretenons les uns avec les autres, et sur le doux-amer souvenir de ceux qui nous ont fait grandir... Ca sera déjà bien. Ca sera la vie.

(Avec une pensée amicale et affectueuse pour E.).

mercredi 2 septembre 2009

Dans l'air du temps

L'autre jour, en rentrant, impossible de couper le circulaire, je prends donc le rallongi par les petites rues de Puteaux.

Il y a cette rue pù systématiquement, il y a des voitures en double file partout ce qui oblige à faire circuler deux voies à sens inverses sur une seule. Déjà sportif au naturel. Puis on arrive sur un rond point où, ouf, on peut à nouveau être à peu près à une place normale.

Juste avant le rond-point, une dame, pas très jeune mais pas franchement très vieille non plus, se prend les pieds dans le trottoir et s'affale. Je cherche de l'oeil le moyen de me garer, ou en tout cas de me mettre un peu à l'écart pour lui venir en aide, mais la blonde en 4x4 devant moi est déjà dehors, arrêtée juste devant l'entrée du rond-point.

Comme elles en sortent à deux, et s'en sortent bien, je me contente de demander si elles ont besoin de renfort et de mettre mes warnings pour les protéger un peu des gens énervés qui klaxonnent, déboîtent, prennent la voie en contre sens pour aller plus vite.

Bien mal leur en a pris, pour ceux qui allaient dans la même direction que moi, il y en a eu pour presque une heure et demi de bouchons après, alors tant qu'à faire, autant ne pas se presser bêtement.

La chuteuse est repartie sur ses deux pieds, la blonde et moi avons échangé un sourire de gens contents que tout se finisse bien et qu'au même endroit, plusieurs personnes aient pensé à porter secours, bref, c'était presque un Disney.

Fort heureusement pour le monde tel qu'il arrange ses dirgigeants, la trève humaine n'a pas duré et la connerie qui fait surface dans les embouteillages monstre a ressurgi quelques kilomètres plus loin.

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